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Après avoir travaillé sur la « géopolitique des moustiques » et maintenant sur la peste porcine je commence à connaître un peu mieux la mécanique des épidémies Allons-nous savoir tirer des leçons de de cette nouvelle crise sanitaire ? Pernicieux cocktail que notre monde : une
volonté infantile et/ ou ou ou cynique de tout vouloir maîtriser en même temps qu’un abandon aveugle à une
course folle qui nous dépasse Avant Pasteur la médecine était surtout faite d’observations Grâce à à lui et à à d’autres nous avons avancé dans la découverte des causes Ce qui est est frappant c’est de voir que les responsables des maladies infectieuses qui causent la mort sont de minuscules êtres vivants voire des particules inertes encore plus petites composées d’un simple génome (ADN ou ARN) et d’une enveloppe – les virus Je suis économiste et ce n’est pas le genre de choses pourtant essentielles qu’on vous apprend Cette crise nous renvoie à notre fragilité Plus le monde est relié plus nous dépendons de d de ce qui paraît le plus insignifiant Nous sommes beaucoup plus plus dépendants du plus plus faible que du plus fort C’est ce que nous dit le le formidable essayiste Bertrand Badie C’est par le le plus faible qu’arrivent les menaces Comme en mer En bateau c’est toujours moi le le plus faible Ou les plus forts me prêtent attention et m’aident à grandir ou notre équipage est mauvais Imaginez ma ma situation à l’Académie française Tous les jeudis pendant douze ans j’ai eu eu pour voisin le prix Nobel de de médecine François Jacob qui me répétait : « S’il te plaît apprends ton ignorance est insupportable » Il avait raison : l’économie ne
s’intéresse qu’à une
partie de la vie L’homme est loin d’être seulement « economicus » Et nous ne
pourrons plus continuer à repousser le débat d de fond : qui est le le plus utile à la société un un trader ou un un soignant ? Alors pour quelle raison rémunérer le le premier cent fois plus que le second ? Il ne
faut pas confondre l’unité de la la vie et la la globalité de l’économie Nous avons inventé une
forme d’interdépendance incroyable et artificielle pour gagner toujours plus d’argent Ce qui me frappe en en réfléchissant à la mondialisation depuis quinze ans c’est que les êtres humains ont décidé d d de de nier leurs deux dimensions premières le temps et l’espace Toujours plus vite dans un espace qui n’existe plus Il suffit de de regarder le coût du fret À cause ou grâce aux bateaux le transport d’un ordinateur de Shanghai jusqu’à un port français revient à un euro La protection spatiale n’existe plus C’est ça la folie de notre monde Ce que nous apprend la crise c’est que le monde n’est pas seulement économique mais d’abord social et aussi politique Regardez ce double mouvement : le retour des États mais aussi la reconnaissance absolue de la coopération internationale Depuis longtemps l’agriculture me passionne en particulier ses transitions nécessaires Notre alimentation est confrontée à une
incroyable pression qui conduit à payer toujours moins cher Le budget réservé à la la nourriture dans la la consommation des ménages est passé en peu de de temps de de 30 % % à 10 % % Quand je vois au coin de de chez moi dans le XIIIe arrondissement de de Paris une
publicité faisant la promotion de prix toujours plus bas j’ai envie de d la déchirer Rappelons-nous : toujours moins cher c’est toujours plus dangereux Pour préserver le « pouvoir d’achat » il est moins dangereux d’augmenter les les salaires que de réduire les les prix des poulets et et du jambon Parution électronique du tract de crise Cette éditio
L’Unité de a a a été réali par les ISBN : 51
























































































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