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Malakit : auto-diagnostiquer et traiter le paludisme parmi les orpailleurs

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Présentation


  • Porteur de projet : Centre d’Investigation Clinique du Centre Hospitalier de Cayenne
  • Partenaires : scientifiques : Centre d’Investigation Clinique Antilles-Guyane INSERM 1424 (Institut national de la santé et de la recherche médicale); Institut Pasteur de la Guyane; FIOCRUZ du Brésil (Fundação Oswaldo Cruz) – institutionnels : Ministères de la Santé du Brésil, du Suriname et de la France; ARS Guyane (Agence Régionale de la Santé); Organisation Mondiale de la Santé/Organisation Panaméricaine de la Santé; Fond mondial de lutte contre le paludisme – associatifs : DPAC; SWOS
  • Durée du projet : avril 2018 – début 2020
  • Financement du projet : Europe (FEDER); ARS Guyane;  Centre Hospitalier de Cayenne;  Ministère de la Santé du Brésil; Fonds Mondial de lutte contre le paludisme et OMS/OPS

Contexte d’émergence du projet : 

Le paludisme est encore présent en Guyane (moins de 300 cas en 2018) et le fleuve Maroni, qui sépare la Guyane du Suriname, est au coeur des enjeux sanitaires et économiques du pays.  Aujourd’hui, les populations les plus touchées sont les orpailleurs clandestins. Ce sont des populations mobiles originaires principalement des États les plus pauvres du Brésil. Ils pourraient contribuer à la réintroduction du paludisme dans des zones où le paludisme est actuellement contrôlé. Selon une carte éditée par l’Agence Régionale de la Santé, les grandes zones de transmission se situent dans le Haut-Maroni, dans la région de Saint-Georges, au sein d’une population brésilienne, créole et amérindienne, et à l’intérieur de la Guyane, en forêt, au sein d’une population majoritairement composée d’orpailleurs, de militaires ou de personnels forestiers.

L’éloignement des camps d’orpaillage, difficiles d’accès et très éparpillés dans la forêt amazonienne, et la situation administrative de ces personnes entraînent une auto-médication fréquente, car ils sont sous le radar du système de surveillance sanitaire. Une étude a montré que 52% des orpailleurs se sont soignés eux-mêmes lors de leur dernière crise du paludisme, en utilisant des médicaments en vente libre.

 

Stratégie et objectifs


Le Malakit est un kit d’auto diagnostic et d’auto traitement à destination des travailleurs de site d’orpaillage illégal.

Il s’agit d’une petite pochette étanche et portable, contenant trois tests de dépistage rapide du paludisme par une simple piqûre au bout du doigt. Le Malakit contient également un traitement complet du paludisme en cas de test positif, avec des instructions directement imprimées sur les emballages. Afin que les orpailleurs illégaux aient accès au Malakit, les lieux de distribution sont disséminés le long des fleuves Maroni (du côté brésilien) et Oyapock (du côté Suriname). Par ailleurs, la distribution se fait par des médiateurs issus des associations SWOS côté surinamien et DPAC côté brésilien.

C’est un projet de santé publique innovant et pragmatique qui répond à trois objectifs principaux :

  • Augmenter le recours à un traitement précoce et adapté
  • Diminuer la prévalence du paludisme
  • Améliorer les connaissances et attitudes vis à vis du paludisme des travailleurs de site d’orpaillage illégal

Caractère innovant du projet


Médiation

Dans la mesure où ce projet s’adresse à une population qui est essentiellement brésilienne, les médiateurs sont eux aussi  quasiment tous brésiliens, parlent tous portugais et ont un bon niveau de connaissance du milieu de l’orpaillage. Ceci permet d’instaurer un climat de confiance dans la communication avec les orpailleurs. Par ailleurs, la distribution se faisant côté Suriname et côté Brésil, les médiateurs ont été embauchés par les associations concernées.

Les médiateurs forment ainsi les orpailleurs, les entraînant à réaliser eux-mêmes un test de diagnostic du paludisme, répétant l’importance de prendre correctement les traitements antipaludéens, etc.

Technologique

Afin d’évaluer l’efficacité de cette stratégie, les médiateurs recueillent des informations à l’aide d’une tablette sur le terrain. Les données sont également récupérées via une application pour les Smartphones, qui peut être utilisée par les patients sans connexion. Cette application contient des informations sur le projet et sur l’utilisation du kit, des vidéos, des messages d’information claire pour les femmes enceintes, etc.

 

Résultats et perspectives


Le projet a été lancé en avril 2018 et l’expérimentation est prévue sur 2 ans. Après plus d’un an de distribution côté Suriname et dix mois côté Brésil, plus de 3 000 personnes ont reçu un kit, 500 sont venues pour une visite de retour.

Le premier résultat est la très bonne acceptation du projet par la population de l’étude avec un taux élevé de participation, et leur bonne aptitude à réaliser par eux-mêmes un test de diagnostic du paludisme.

Les résultats complets de l’étude seront disponibles début 2020.

Comment ce projet peut-il être dupliqué sur d’autres fleuves ?

Le Malakit peut s’adapter à d’autres régions faisant face à des problématiques similaires (une population peu accessible, un territoire géographique étendu, et un problème de santé publique).

Si les résultats sont fructueux, ce projet pourrait servir d’exemple dans d’autres régions du monde faisant face à des problématiques similaires. Mais au-delà du paludisme, cette petite pochette représente une innovation conceptuelle : autonomiser les personnes à la fois pour réaliser un diagnostic objectif d’une pathologie et également pour utiliser par elles-mêmes un traitement adapté, dans le but de prendre soin d’elles-mêmes. 

Maylis Douine, médecin épidémiologiste, Centre d’investigation clinique du Centre hospitalier de Cayenne 

Suivi de la solution


Deux ans après

 

Déroulement du projet

Le projet initial a rencontré plusieurs obstacles : la difficulté d’accès aux populations ciblées, la barrière de la langue entre les partenaires, la difficulté de déplacements sur le territoire et avec les partenaires (du fait de problèmes de visas, le peu de liaisons aériennes et de routes), rendant la coopération entre les trois pays concernés plus difficile. Le coût total du projet a été réévalué en cours de réalisation à la hausse.

Ces difficultés ont conduit à la mise en œuvre d’une étude qualitative externe menée par l’Université de Montréal et financée par l’AFD.

Le projet dans sa forme initiale a pris fin en mars 2020 comme prévu mais va être poursuivi, en prenant en compte les enseignements de cette première phase.

Résultats

L’évaluation a inclus 1 098 personnes et l’analyse des principaux indicateurs a permis d’apprécier les changements de comportements et l’impact sur le paludisme. Les résultats ont été présentés à l’ensemble des partenaires scientifiques, associatifs et institutionnels et à la communauté médicale.

L’étude montre que la distribution de 4 700 kits auprès de 3 733 personnes a entrainé une nette baisse de l’utilisation de médicaments contre le paludisme au marché noir, limitant ainsi le risque d’émergence de parasites résistants. La prévalence du paludisme chez les orpailleurs se rendant le long du fleuve Maroni est passée de 22% à 5%, limitant ainsi le risque de transmission du parasite.

Diffusion

Des réflexions sont en cours sur la poursuite du projet et sa diffusion par le CHU de Cayenne. Au Suriname, le projet est prolongé par le Programme National de Lutte contre le paludisme.

 

#Maroni #Guyane #Amazonie #Santé #Orpaillage 

En savoir plus

Crédit photos : Ronan Lietar-IMAZONE/ Carbu

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