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Le Gange, fleuve sacré et asphyxié

Le Gange est l’un des fleuves les plus pollués au monde.

Plus de 1 500 millions de litres d’eaux usées brutes et 500 millions de litres de déchets industriels (issus de 700 industries fortement polluantes) sont déversés chaque jour dans ses eaux. Sans compter déchets et cadavres. Le poids des croyances religieuses ajoute aussi une difficulté : dans la religion hindou, la plus importante en Inde, le fleuve est lié à la déesse Ganga et est sensé purifier l’âme. Des pèlerinages gigantesques contribuent à la pollution tandis qu’une croyance traditionnelle soutient que le fleuve est capable de s’auto-nettoyer.

Principal affluent du Gange, la Yamuna, rivière sacrée qui traverse New Delhi, est déjà « en état de mort clinique », selon Ashwini Kumar Mishra, fondateur du mouvement écologique Yamuna Satyagraha. 70 % de l’eau utilisée par la population de la capitale (qui compte plus de 20 millions d’habitants) sont puisés dans cette rivière où sont également déversés déchets industriels et domestiques d’une population majoritairement privée d’accès au tout-à-l’égout. Ni plantes, ni poissons ne peuvent survivre hormis quelques bactéries, les plus résistantes.

Un espoir de courte durée

Dans ce contexte alarmant, une avancée juridique majeure a eu lieu en mars 2017 : le Gange et la Yamuna ont reçu le statut juridique d’« entités vivantes ayant le statut de personne morale » par la Haute Cour de l’Uttarakhand. Il permet aux fleuves d’obtenir un droit à réparation en cas de dommages volontaires, afin de les préserver et de les conserver.

Malheureusement, très vite, l’État de l’Uttarkhand a fait appel pour dénoncer un statut                             « juridiquement non viable » et la Cour Suprême indienne a cassé cet arrêt, estimant que des juges locaux ne pouvaient décider du sort d’un fleuve traversant le pays entier.

Alors, comment sauver et protéger le Gange?

Le défi est immense, à la fois environnemental, politique, juridique et culturel. Le Gange est victime de la pollution mais aussi de la déforestation, de la surexploitation, de la rapide croissance démographique et du changement climatique. Les conséquences économiques sont immédiates pour les 450 millions d’Indiens qui vivent sur ses rives. Les agriculteurs souffrent particulièrement de la pénurie d’eau. Et les tensions provoquées par la rareté de la ressource se multiplient : émeutes meurtrières à Delhi en 2016, tension diplomatique avec les voisins chinois ou pakistanais, marche de dizaines de milliers d’agriculteurs sur Bombay en mars. Le Forum for Policy Dialogue on Water Conflicts in India a dénombré au moins 350 conflits dans tout le pays.

Découvrez le Gange à travers les photos de Franck Vogel et l’enquête « Peut-on encore sauver le Gange ? » dans le magazine GEO de juin 2018, en kiosque actuellement.

Est également disponible le 1er tome du grand projet photographique de Franck Vogel  pour mieux comprendre les enjeux liés à l’eau sur le Nil, le Brahmapoutre, le Colorado et le Jourdain : Fleuves frontières

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