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Mékong

Entre vous et moi

Situé en Asie du Sud-Est, je traverse la chaîne de l’Himalaya avant de rejoindre la mer de Chine après un parcours de plus de 4 000 kilomètres et 6 Etats traversés.  En Chine, là où je me déverse avec fracas dans les monts du Tibet et du Yunnan, je suis appelé  Lancang, « fleuve turbulent « . Au Vietnam, on me nomme « fleuve des neuf dragons »,  car je me divise en neuf bras principaux.   Mais je suis connu dans le monde entier en tant que « Mékong ».

Mon delta commence dès la sortie du Cambodge. Et nulle part ailleurs n’est mieux vérifiée l’origine du mot « datnuoc » (pays en vietnamien) : « dat  » signifie la terre et «  nuoc « , l’eau. Sans moi, pas de rizières, donc pas de nourriture, des transports de marchandises quasi impossibles dans une région marécageuse où les routes sont rares et particulièrement difficiles à construire.

Plus de 250 millions de personnes vivent dans mon bassin et je suis partie intégrante de l’identité culturelle régionale. Fleuve sacré, j’ai nourri la spiritualité des peuples. Figure mythologique commune, le serpent géant Naga, gardien du fleuve, orne les temples construits le long de mon parcours. Néanmoins, ma gestion reste compliquée entre les différents Etats que je traverse et oscille entre coopération et rapport de force.

Dans l’intimité du Mékong

  • Source : plateaux himalayens du Qinghai à 5 000 mètres d’altitude
  • Embouchure : mer de Chine
  • Débit moyen : 15 000 m3/s à l’embouchure
  • Longueur cumulée : 4 350 km
  • Bassin versant : 795 000 km²
  • États traversés : Chine, Birmanie, Thaïlande, Laos, Cambodge, Vietnam

Un peu d’histoire

Temple de Luang Prabang

Berceau de nombreuses civilisations, j’ai fait l’objet d’explorations européennes (notamment française) et américaine, dès la fin du 19ème siècle. Vers 1893, les Français me contrôlent jusqu’au Laos et établissent l’Indochine française. Une situation qui prendra fin avec les guerres d’Indochine et du Vietnam au milieu du 20ème siècle.

En 1986, un premier barrage est construit par la Chine. D’autres aménagements hydroélectriques, souvent gigantesques, verront ensuite le jour depuis le Haut-Mékong jusqu’au Vietnam, tandis que la coopération internationale, au niveau de mon bassin, se développera. À la fois par intérêt économique, par nécessité de mieux partager la ressource mais aussi grâce à l’accroissement des préoccupations environnementales.

Les usages multiples du fleuve Mékong

L’irrigation, indispensable à la production rizicole

L’agriculture est l’activité économique la plus importante dans la région du Bas Mékong et constitue le moyen de subsistance de 60% de ses habitants. Mes eaux sont d’ailleurs utilisées avant tout pour l’irrigation. Le delta du Mékong fournit à lui seul 95 % des exportations de riz du Vietnam !

Une production hydroélectrique en plein développement

Travaux de la passe à poissons – barrage de Xayaburi

La production hydroélectrique présente plusieurs avantages : réduire la pauvreté des populations; atteindre la sécurité énergétique, dans une région en pleine croissance démographique et économique. Aujourd’hui, seulement 10 % du potentiel hydroélectrique de mon bassin inférieur est exploité mais les projets de méga-barrages se multiplient, avec un certain nombre de problèmes et risques associés (déplacement de populations ; blocage de la circulation des sédiments et des poissons ; sécurité des ouvrages…).

La pêche : sources de richesse et de conflits

Deux millions de tonnes de poissons sont péchés chaque année dans mes eaux ! Je suis la première zone de pêche en eaux intérieures du monde, ce qui représente près d’un quart des captures mondiales. L’aquaculture, notamment issue de mon delta, ne cesse de progresser. Même si les pêcheries entrent parfois en conflit avec d’autres usages comme la fourniture d’eau potable ou les industries utilisant beaucoup d’eau pour leur fonctionnement.

Le transport fluvial comme levier de développement économique

Port de Saigon

Utilisé depuis des siècles comme moyen de transport de personnes, je suis de plus en plus envisagé comme un levier économique, avec la construction de nouveaux ports et la modernisation de la voie navigable. En 2009, le port de Cai Mep au Vietnam a été mis en service avec un terminal à conteneurs pouvant accueillir parmi les plus gros navires du monde pour le négoce vers l’Europe ou les États-Unis.

 

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kms de long

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millions d'habitants dans mon bassin

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espèces de poissons dans mes eaux

Les principaux acteurs du Mékong

Les tensions entre les Etats de la région ont longtemps rendu impossible une coopération autour de la gestion de mes eaux. Ce fut particulièrement le cas dans la période suivant la guerre du Vietnam qui voit le gouvernement thaïlandais, appuyé par le gouvernement américain, s’opposer aux nouveaux gouvernements communistes des pays de la région.

La Thaïlande, le Laos, le Cambodge et le Vietnam fonde en 1957 la « Commission du Mékong dédiée à l’exploitation du potentiel hydroélectrique de la sous-région du Grand Mékong » (sous l’égide de l’ONU). C’est le premier système de gestion partagée de ma ressource.

La Mekong River Commission

En 1995, les quatre pays, Thaïlande, Laos, Vietnam et Cambodge, signent un Accord de Coopération pour le Développement Durable du bassin du Mékong, qui marque la création de la Mekong River Commission. La Chine et la Birmanie y participent en qualité d’observateurs dès 1996. La MRC gère les questions liées au développement durable, comme celles concernant l’utilisation intégrée et la conservation de ma ressource en eau.

 

Quel fleuve pour demain ?

Une biodiversité en danger !

Avec 20 000 espèces de plantes, 430 espèces de mammifères, 1200 espèces d’oiseaux… mon bassin est l’une des zones de biodiversité les plus riches du monde.

Malgré son abondance, cette biodiversité est en péril. De nombreux habitats d’oiseaux souffrent du drainage des zones humides, du surpâturage, de l’utilisation de pesticides et de la modification des pratiques agricoles.

La modification de mon régime hydraulique lié notamment à l’installation de barrages chinois et thaïlandais en amont fait aussi craindre des effets dévastateurs sur la biodiversité.

Croissance démographique et changement climatique : la fragilité du delta

Le Mekong au Cambodge – Photo de Franck Vogel

Urbanisation accélérée, croissance démographique rapide, absence de traitement des eaux usées rejetées par l’industrie… engendrent une pollution mettant en péril mon delta. La région est par ailleurs l’une des plus vulnérables aux effets du changement climatique. La hausse des températures et l’augmentation des précipitations dans les prochaines décennies auront des conséquences dramatiques sur les populations.

Avec le risque d’inondations, je menace la vie des habitants des pays que je traverse, et notamment au Vietnam. Du fait de la pression foncière, d’immenses quartiers se sont ainsi construits dans des zones qui peuvent chaque année être submergées. Une bonne partie d’Ho Chi Minh-Ville est concernée. Mais la plus grave menace provient de la mer. Elle enfle et monte, salinisant et dévastant les rizières.

Pour se libérer de ces périls, des travaux sont possibles, mais les solutions devront impliquer tous les corps de métiers : hydrauliciens, énergéticiens, architectes et urbanistes… et nécessitent des investissements. Un travail main dans la main est nécessaire pour envisager des solutions efficaces et durables.

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Voyage sur le Mékong

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