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Canal de Panama

Entre vous et moi…

Avec mes 80 km de long, je relie les océans Pacifique et Atlantique par l’isthme de Panama : une étroite bande de terre reliant l’Amérique centrale à l’Amérique du Sud. On m’appelle le canal de Panamá et je suis fier d’être la voie la plus rapide entre les deux océans pour le transport de marchandises, devant le cap Horn, situé à la pointe australe de l’Amérique du Sud.

Chaque année, 15 000 navires me traversent et mon activité génère plus d’un milliard de dollars de chiffre d’affaires. Je suis sans aucun doute un nœud stratégique du commerce maritime mondial. Et pour accroître mon influence, un plan de développement a été lancé pour la période 2007-2025 afin d’accueillir des navires toujours plus grands et garder mon attractivité face aux autres routes maritimes.

En 2016, mes nouvelles écluses permettant le passage des Post-Panamax ont été inaugurées.

Un peu d’histoire

En 1880, les hommes ont pour la première fois envisagé ma création. Un chantier colossal confié à Ferdinand de Lesseps, un entrepreneur français qui avait déjà construit le canal de Suez. Près de 25 000 ouvriers moururent de la malaria et de la fièvre jaune durant les débuts de ma réalisation. Une véritable hécatombe pour un chantier très (trop) coûteux. C’est d’ailleurs un scandale financier qui provoquera la faillite de l’entreprise de Lesseps, la Compagnie universelle du canal interocéanique du Panama.

Il faudra attendre l’arrivée d’ingénieurs américains au début du 20ème siècle, pour que les travaux reprennent jusqu’en 1914, année de ma mise en service. Près de 30 000 ouvriers français et américains périront encore sur mon chantier avant mon inauguration. Je ne suis rétrocédé au Panama que bien des années plus tard, en 1999, par les traités de Torijos-Carter et ma gestion a été confiée à un organisme public, la Panamá Canal Authority (ACP).

Dans l’intimité du canal de Panamá

  • Construction : 1904-1914
  • Longueur : 80 km
  • 3 ensembles d’écluses (Gatun ; Pedro Iguel ; Miraflores) et 2 lacs artificiels (Lac de Gatun et Lac Madden)
  • Nombre de navires/an : 15 000
  • Tonnes transportées : 300 millions de tonnes/an

Mes usages

Navigation commerciale : les américains m’adorent !

 

22 000 kilomètres séparent San Francisco de New-York en empruntant le cap Horn. Alors qu’en passant sur mes eaux, les armateurs réduisent leur trajet à 9 000 km, un sacré gain de temps ! C’est pourquoi les États-Unis m’ont très vite considéré comme une infrastructure stratégique et firent de moi un de leurs territoires souverains pendant de longues décennies.

 

Cette situation géographique me permet de concentrer à moi seul 5 % du commerce mondial (hors pétrole) et me vaut d’être l’une des principales ressources économiques du Panamá, derrière l’activité bancaire.

Les américains ne sont plus mes propriétaires, mais je reste crucial puisque les États-Unis m’utilisent pour exporter des marchandises comme les céréales, et importer des minerais ou des produits pétroliers. Je suis un passage obligé pour bien des liaisons entre leurs clients asiatiques du Pacifique et leurs latino-américains. S’ils m’ont rendu au Panama en 1999, les américains n’ont pas oublié de s’octroyer une priorité de passage pour leurs navires. Le Japon et la Chine sont mes deux autres principaux utilisateurs. 

Production hydroélectrique : mon ami Gatún

Le barrage de Gatún, qui a permis de créer le lac du même nom, a été construit juste avant moi et produit de l’énergie hydroélectrique destinée, notamment, à l’activation de mes écluses et de mes autres équipements. Il permet aussi l’éclairage de toutes les villes alentours.

Tourisme : les croisières s’amusent

Ma situation géographique particulière fait de moi un lieu touristique de choix pour les croisiéristes du monde entier, notamment entre l’Alaska et les Caraïbes. J’intéresse aussi les randonneurs et les curieux sur les terres qui m’entourent, dans ces paysages magnifiques d’Amérique centrale à la faune et à la flore si riches. J’attire à moi seul 1 million de touristes, dont un grand nombre m’empruntent sur des bateaux de croisière (plus de 300 par an).

Le Panamá est devenu politiquement plus stable, il est globalement épargné par les cyclones ou les tremblements de terre, ce qui attire les touristes et notamment les retraités. Même s’ils arrivent du monde entier, ces visiteurs sont en grande majorité américains, proximité oblige ! L’aéroport est l’un des plus fréquenté d’Amérique latine et les projets immobiliers poussent comme des champignons dans la baie de Panamá.

Envisager l’avenir

Une activité en pleine croissance depuis mon élargissement

Les bateaux de marchandises sont de plus en plus gros et ils sont de plus en plus nombreux à dépasser le dimensionnement de mes écluses et la profondeur de mon canal. Appelés « post-Panamáx », ce sont des super-pétroliers et des porte-conteneurs. La solution a été d’élargir mes voies d’accès, par la création de deux ensembles de nouvelles écluses, à l’est de celles de Gatún et au sud-ouest des écluses du Miraflores et l’approfondissement de mon lit. Ce chantier titanesque a duré de 2007 à 2016 et a coûté plus de 5 milliards de dollars.

Pour l’Autorité du Canal de Panama, l’enjeu est triple :

  • maintenir ma compétitivité face à la demande mondiale,
  • optimiser le temps de passage,
  • augmenter mes apports financiers au Trésor Public panaméen.

Inaugurées en 2016, ces nouvelles écluses ont dopé le trafic de conteneurs. Et elles sont la preuve de l’excellence de l’ingénierie française ! CNR a en effet été leur concepteur et modélisateur physique et numérique, avant leur mise en construction et a permis certaines innovations : malgré des sas deux fois plus grands, les nouvelles écluses consomment 8 % d’eau et les temps de remplissage ne dépassent pas 10 minutes.

 

Retombées internationales de l’élargissement du canal de Panamá

En élargissant son canal, le Panamá peut tirer profit des échanges croissants entre l’Amérique latine et l’Asie.

En plus du canal, le Panamá possède six ports, un chemin de fer, une voie rapide et la plus vaste zone de libre échange du monde après Hong-Kong, Colon, sur la mer des Caraïbes. L’élargissement du canal devrait permettre d’atteindre 1 million de dollars de droits de passage par navire, contre 350 000 dollars aujourd’hui.

Cet élargissement donne également aux États-Unis la possibilité d’exporter des hydrocarbures depuis le Golfe du Mexique vers l’Asie. De nombreux ports de la côte américaine cherchent déjà à s’adapter à la taille post-Panamáx, notamment ceux de Charleston en Caroline du Sud, de New-York et du New Jersey.

Défis environnementaux : pénurie d’eau et déforestation

Le nombre de navires en circulation augmente et les besoins en eau aussi. Chaque passage d’écluse nécessite 166 millions de litres d’eau, provenant essentiellement des réservoirs des lacs Gatún et Madden ! Cela pose problème car ce sont ces mêmes bassins qui alimentent aussi les besoins domestiques des populations des villes de Panamá et de Colon.

Les problèmes de manque d’eau dans le canal se sont déjà fait sentir, notamment  suite à la faiblesse des précipitations durant le passage d’El Nino (courant chaud venu du Pacifique), en 1983 et 1998. Et le pays doit aussi réparer les dommages causés par des années de déforestation du bassin versant, qui aggrave l’envasement du canal.

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Voyage sur le Canal

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