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Le Danube

Entre vous et moi…

Je prends ma source en Allemagne, au cœur du magnifique massif montagneux de la Forêt-Noire. Je suis né de la confluence de deux cours d’eau, la Brigach et la Breg et parcours 2 860 km pour relier la forêt allemande à la mer Noire. Seul fleuve européen à me diriger d’ouest en est, je traverse des villes légendaires comme Vienne, Bratislava, Budapest, Belgrade. La beauté de mes rives a inspiré des compositeurs comme Johann Strauss et de nombreux écrivains. On me nomme : le Danube.

Après la Volga, je suis le 2ème plus long fleuve d’Europe et je compte, sur mon bassin versant de 802 266 km², 19 pays et plus de 81 millions de personnes. Avec une si grande diversité de peuples, langues et cultures, je suis le fleuve le plus internationalisé au monde !

Cours d’eau mythique inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, mon histoire est jalonnée par les luttes d’influence qui ont marqué l’Europe depuis des siècles, entre chrétienté et islam, entre l’est et l’ouest pendant la guerre froide… Aujourd’hui, ma gestion illustre les défis en termes de protection environnementale, de compétitivité économique et de coopération inter-étatique que doivent relever nombre de fleuves dans le monde.

Un peu d’histoire

D’abord utilisé comme voie de protection militaire par les Grecs et les Romains, j’ai servi d’artère militaire et commerciale pour l’empire Ottoman, avant la montée en puissance de l’empire d’Autriche et du royaume de Hongrie à partir du 17ème siècle.

La navigation comme premier levier de coopération

Formant, au cours des siècles, un lien politique, culturel et religieux entre l’orient et l’occident, j’ai fait l’objet de différents modes de coopération entre les états danubiens. Mon rôle primordial dans le trafic fluvial, durant les guerres européennes dès la fin du 19ème siècle, renforce la nécessité de créer une institution chargée de régir la navigation sur mon cours.

La première organisation instituée par le traité de Paris en 1856 est la Commission européenne du Danube. Elle sera remplacée en 1948 par la Commission actuelle qui regroupe les dix pays riverains (plus la Russie), est en charge d’assurer une navigation libre, simplifiée et plus sûre sur l’ensemble de mon linéaire et ma reconnaissance en tant que voie de navigation majeure en Europe.

Mieux gérer et protéger ma ressource

À la fin des années 1980, avec la disparition du rideau de fer, la situation géopolitique évolue, en même temps que des premières alertes sur ma situation écologique sont lancées. Une commission internationale pour la protection du Danube est alors créée en 1998. Elle a trois objectifs principaux :

  • assurer une gestion durable et équitable de la ressource,
  • permettre le contrôle des risques d’inondation et de pollution accidentelle,
  • réduire la charge polluante débouchant sur la Mer Noire.

Aujourd’hui, alors que la majorité de mes pays riverains sont membres de l’Union européenne, j’agis comme un trait d’union entre des populations qui se trouvent, pour certaines, parmi les plus riches du continent et, pour d’autres, parmi les plus pauvres.

 

Fiche technique

  • Source : Forêt Noire (Allemagne)
  • Embouchure : Mer Noire par un vaste delta de 4 500 km2
  • Débit moyen : 6 500 m3/s
  • Longueur cumulée : 2 860 km
  • Bassin versant : 805 260 km²
  • États traversés : Allemagne, Autriche, Slovaquie, Hongrie, Croatie, Serbie, Roumanie, Bulgarie, Moldavie, Ukraine
  • Affluents : Morava, Tisza, Olt, Siret, Prut, Inn, Save, Isker, Yantra

 

Mes multiples usages

Navigation : redonner sa place au transport fluvial

Face aux tensions séparatistes de la région, la priorité des aménagements réalisés et des réglementations émises est d’assurer ma navigabilité. Je représente en effet un axe stratégique et le seul accès maritime pour la Hongrie, la Slovaquie et la Serbie. Je suis aujourd’hui presque entièrement navigable sur la quasi-totalité de mon cours, depuis Kelheim en Allemagne, jusqu’à mon embouchure dans la mer Noire, à Sulina, soit 2400 km ! À partir de Belgrade, ma largeur et ma profondeur me permettent d’accueillir des convois jusqu’à 27 000 tonnes, soit bien plus que le Rhin, où les convois sont limités à 18 000 tonnes. Malgré ces atouts, le trafic de marchandises est quasi dix fois inférieur à celui du Rhin.

Heureusement, je suis  inscrit comme axe prioritaire du futur réseau européen multimodal, via le programme Marco Polo de mars 2005. L’un des objectifs de la stratégie de l’Union Européenne étant d’augmenter le transport de marchandises sur mon cours de 20 % d’ici à 2020.

Le Danube, grand producteur d’énergie

Je suis une importante source d’énergie. En particulier pour l’Autriche, qui possède neuf usines hydroélectriques, pour la Slovaquie et ses deux barrages, pour la Serbie et la Roumanie et leurs deux usines hydroélectriques. Certains pays, comme l’Allemagne, la Hongrie, la Bulgarie et la Roumanie ont également construit de nombreuses centrales nucléaires sur mes rives ou à proximité. L’Autriche tire grâce à moi environ 25 % de ses besoins en énergie, la Slovaquie 10 %, la Serbie 37 % et la Roumanie 27,6 %.

Certains projets de barrage ont toutefois fait l’objet de vives contestations de la part d’associations écologiques et de pays voisins. Le projet de construction d’un nouveau barrage en Hongrie, qui devait compléter le dispositif hydroélectrique construit en Slovaquie, a provoqué un blocage diplomatique qui demeure aujourd’hui.

Un exemple de coopération fructueuse :

le système de barrages des Portes de Fer, monstre de béton et d’acier

Ce barrage a été construit entre 1964 et 1984 entre la Serbie et la Roumanie. Exploité par les deux pays, il est aujourd’hui un symbole de coopération binationale. Le nom de barrage des Portes de fer vient de l’époque des empires austro-hongrois et ottomans, durant laquelle une immense chaîne en fer traversait le fleuve à l’endroit le plus étroit, matérialisant une douane pour les navires. 350 000 tonnes de béton et 170 000 tonnes d’acier ont été nécessaires pour l’ériger. En plus d’encaisser les crues du beau Danube, il participe aussi à la navigation fluviale avec ses deux écluses qui voient passer chaque année entre 3 000 et 4 000 navires.

Tourisme : le boom des croisières

Comme d’autres voies navigables en Europe, j’ai connu une croissance exponentielle des croisières dès les années 1990. On comptait seulement 60 bateaux de croisière en 2002 et 170 en 2015, soit près de trois fois plus ! Un trafic de bateaux de passagers de plus de 2 millions de personnes qui s’effectue essentiellement sur des lignes courte distance et dans le delta du Danube, pour un tourisme écologique.


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Envisager l’avenir…

Un potentiel de navigation sous exploité

La chute des régimes communistes, le grand nombre de pays aux visions différentes en matière énergétique ou environnementale rendent complexe la création d’un ensemble réglementaire stable. Résultat : je suis clairement sous-exploité en termes de transport fluvial. Les problèmes d’engorgement que connaissent les réseaux routiers dans la région (particulièrement en Autriche) devraient toutefois accroître l’intérêt qu’on me portera dans les années à venir. Je compte notamment sur l’Allemagne et l’Autriche, pays moteurs dans le développement du transport fluvial !

Protéger le patrimoine écologique

Figurez-vous que mes eaux seraient trois fois plus polluées que celles du Rhin ! Des accidents industriels fréquents comme l’empoisonnement roumain de la rivière affluent Tisza en 2000, ou la « marée rouge » toxique hongroise en 2010, fragilisent mon bassin. Mon delta est un filtre et un espace de stockage de ces pollutions, d’autant que mon écosystème se remet péniblement des projets d’assèchement de marais menés par Nicolae Ceausescu.

Faire naître de la cohérence

Malgré une multitude de projets de coopération, m’envisager comme un espace homogène est depuis longtemps un vœu pieux. Toutefois, l’intégration européenne du bassin danubien, symbolisée par la Stratégie pour le Danube de l’Union européenne adoptée en 2011, peut jouer le rôle de catalyseur pour une vision commune de mon bassin et un développement partagé. Environnement, tourisme, prévention des inondations, coopération policière, commerce et modernisation de la flotte danubienne sont au programme de cette Stratégie.

L’écrivain autrichien Stefan Zweig appelait en 1917 à ce que « le fleuve cesse divisé par des frontières en empires, et qu’il devienne l’artère principale d’une Europe centrale unie, le médiateur pacifique de l’Orient et de l’Occident ». Un siècle plus tard, c’est toujours sur cette capacité des États à coopérer et sur le volontarisme de l’UE que repose le succès d’une gestion partagée de mes eaux

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Voyage sur le fleuve

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