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Le Parana

Entre vous et moi…

On m’appelle Paraná. Un bien joli nom qui signifie « parent de la mer » en guarani (langue amérindienne). Je traverse trois pays, le Brésil, le Paraguay et l’Argentine, soit près de la moitié du continent d’Amérique du Sud, avant de me jeter dans l’océan Atlantique. Formé au nord par la confluence du Rio Paranáíba et du Rio Grande, dans les hauts plateaux brésiliens, je trouve mon embouchure dans l’estuaire de la Plata où je rejoins le Rio Paraguay, au nord de Buenos Aires. Je suis l’un des grands fleuves du monde, 10ème de par mon débit et 5ème par la surface de mon bassin versant. Après l’Amazone, je suis le deuxième bassin hydrographique du pays. Avec mes deux grands barrages, Itaipu et Yacyreta, on me considère comme un géant de l’hydroélectricité. Je suis au cœur de l’économie et des relations internationales sud-américaines.

 

Un peu d’histoire

Des petits barrages sont installés dès la fin du 19ème siècle dans la partie nord de mon bassin puis des mesures hydrométriques sont réalisées au début du 20ème siècle pour utiliser mon potentiel. Il faudra néanmoins attendre les années 1960 pour que la prise de conscience de mon atout énergétique se concrétise, sous l’impulsion du Brésil. Les accords d’Itaipu (1966), marquant la coopération entre le Brésil et le Paraguay pour mon exploitation hydroélectrique, prennent forme avec le traité d’Itaipu en 1973, rapidement suivi par l’Argentine qui signe la même année le traité de Yacyreta avec le Paraguay. Ils marqueront le lancement de deux ouvrages majeurs : les barrages d’Itaipu et de Yacyreta. De nombreux accords bilatéraux et multinationaux relatifs à ma gestion et à celle de mes affluents verront quant à eux le jour à partir des années 1970. Car je suis d’une importance économique stratégique : près de cent millions d’habitants vivent dans mon bassin versant qui concentre 80 % du PIB combiné du Brésil, de l’Argentine, du Paraguay, de l’Uruguay et de la Bolivie. J’abrite de grandes aires agricoles et d’élevage.

Fiche technique

  • Source : hauts plateaux brésiliens
  • Embouchure : estuaire de la Plata
  • Débit moyen : 16 800 m3/s à l’embouchure
  • Longueur cumulée : 4 099 km
  • Bassin versant : 2 582 672 km²
  • Pays traversés : Brésil, Paraguay, Argentine
  • Affluents : en Bolivie et Uruguay

Mes multiples usages

 

Production hydroélectrique : un potentiel important

Avec un débit moyen de 16 800 m3/s à l’embouchure, je fais partie des 10 cours d’eau possédant les plus gros débits mondiaux. Mon bassin versant est le plus équipé au monde, avec 14 grands barrages de plus de 1000 MW. Le Brésil est au 1er rang en termes de nombre de retenues (569), devançant l’Argentine (101 barrages) même si, dans la section argentine, je reste un fleuve sous équipé.

Plus de 90% de l’électricité nationale brésilienne provient de l’énergie hydraulique et mon bassin versant complet génère 38 916 Mégawatts soit 60 % de toute l’énergie produite dans le pays. Pour le Paraguay, la quasi-totalité de l’électricité consommée vient de l’hydroélectricité (99,99%, l’un des niveaux les plus élevés au monde !).

Chiffre-clé :

103 098 GWh : record de production mondiale réalisée par Itaipu en 2016

Itaipu et Yacyreta : 2 géants de l’hydroélectricité

 

Barrage d’Itaipu

  • Localisation : frontière Brésil/Paraguay
  • Construction : entre 1975 et 1991 (ajout de 2 turbines en 2005 et 2006)
  • Production annuelle moyenne : 96 400 GWh (1er rang mondial)
  • Puissance installée : 14 000 MW (2ème rang mondial)
  • Nombre d’unités génératrices : 20 (18 en activité simultanée)

Barrage de Yacyreta

  • Localisation : frontière Argentine/Paraguay
  • Construction : entre 1983 et 2001
  • Production annuelle : 19 000 GWh (1/3 de l’énergie hydroélectrique du marché argentin)
  • Puissance installée : 4050 MW
  • Nombre d’unités génératrices : 20

Concilier hydroélectricité et transport fluvial : un enjeu majeur

Le développement des cultures céréalières et le « boom du soja » génèrent de nouveaux besoins en transport fluvial. Un moyen d’atteindre le débouché maritime de Buenos Aires, notamment pour les provinces brésiliennes de Mato Grosso et paraguayenne de Misiones. Les productions agricoles sont jusqu’à présent exportées par voies terrestres vers les ports de Rio de Janeiro ou de Santos.

Problème : cette ambition se heurte à des aménagements hydroélectriques peu adaptés. Le barrage de Yacyreta comprend par exemple une écluse à même de laisser passer les convois, mais celle-ci risque de devenir trop juste au vu de l’augmentation de leur taille. Quant au barrage d’Itaipu, il a été construit sans écluse, ce qui contraint le transport des marchandises à passer par les plateformes de transfert de la Paz-Hernandarias et Puerto-Três Fronteiras en amont et en aval de la retenue. Elles transitent alors par camion sur trente-huit kilomètres. Trois écluses supplémentaires devraient être construites sur le barrage d’Itaipu. Les études sont en cours et le projet présenté aux deux gouvernements en août 2018.

Approvisionnement en eau : usages domestique, industriel et agricole

 

Eau potable pour l’irrigation, le bétail et l’industrie

70 % de mon eau est utile à l’irrigation, 9 % au bétail et 8 % est consacrée à l’industrie. La consommation d’eau potable dans mes régions riveraines provient quant à elle à 70 % de mes eaux superficielles.

La pêche fluviale se fraye un chemin

C’est au début des années 1990 que la pêche fluviale se développe malgré les contraintes techniques. Le barrage de Yacyreta empêche, par exemple, les espèces migratrices d’aller frayer dans mes eaux, menaçant ainsi le renouvellement des populations. Itaipu mène, de son côté, un programme ambitieux pour augmenter la population piscicole.

Tourisme et développement durable

En plus de mes usages industriels et agricoles, certaines villes veulent également profiter de mes atouts touristiques et encourager les initiatives relatives au développement durable. C’est le cas de Rosario en Argentine, dont la bande littorale est redevenue publique et qui a lancé un projet de « coulée verte ». En réduisant les emprises ferroviaires et portuaires, la ville peut désormais exploiter davantage les équipements culturels et de loisirs.

Ma gouvernance : le choix de la gestion binationale 

La seconde moitié du 20ème siècle voit l’Amérique latine osciller entre démocratie et dictature. Dans les années 1970, l’État est fort et investit dans le transport et l’hydroélectricité, l’économie est planifiée. Dans un contexte politique favorable au lancement de grandes opérations comme la construction de barrages, les états font le choix de la création de sociétés binationales pour la gestion des ouvrages. Ce fut le cas d’Itaipu et de Yacyreta, tous deux initiés en 1973. Ces structures binationales résistent encore aujourd’hui aux variations politiques et économiques liées à la libéralisation de l’économie.

101234567890401234567890

grands barrages de plus de 1 000 MW

701234567890001234567890%

de l'eau sert à l'irrigation

+901234567890001234567890%

de l'électricité du Brésil et du Paraguay fournie par le fleuve

Quel fleuve pour demain ?

L’hydroélectricité comme première source d’énergie renouvelable

Compte tenu de la croissance des besoins énergétiques des pays du bassin de la Plata, les questions de l’exploitation de ma ressource prennent aujourd’hui une importance considérable. La réponse à la crise énergétique passera donc par une augmentation de la production hydroélectrique et une diminution de l’utilisation de pétrole et de gaz. Grâce à des avancées technologiques, les objectifs environnementaux et énergétiques peuvent être atteints conjointement.

Pollution et enjeux environnementaux

Avec un débit important, je suis capable d’absorber en partie la pollution de mes eaux. Pour le traitement des pesticides et nitrates, des efforts restent cependant à fournir. Heureusement, des initiatives locales voient le jour pour promouvoir un développement responsable.

En savoir plus sur moi

Voyage sur le fleuve

 

 

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