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Le fleuve Saint-Laurent

Entre vous et moi…

1,6 million de km2 ! C’est la superficie de mon bassin versant. Incroyable n’est-ce pas ? Vous ne serez donc pas surpris d’apprendre que je suis le 3ème fleuve de l’Amérique du Nord en termes de système hydrographique, après le Mississippi –qui coule du Nord du Minnesota au golfe du Mexique – et du Mackenzie – qui prend sa source dans le Grand lac des Esclaves au Canada  et se jette dans l’océan Arctique-. Je représente, avec les Grands Lacs (qui font partie du même système hydrologique) plus de 25 % des réserves mondiales d’eau douce. Par mon bassin de drainage, mon débit et ma longueur, je suis un géant. Vous vous demandez certainement qui je suis pour prétendre à autant de modestie… Je m’appelle le Saint-Laurent.

Porte d’entrée majeure du continent nord-américain, je prends ma source à Kingston, dans le lac Ontario, le plus oriental des 5 grands lacs d’Amérique du Nord. Des villes de Montréal et de Québec que je traverse, je m’étends sur 1 197 km jusqu’au golfe du Saint-Laurent et l’Océan Atlantique.

 

Fiche technique

  • Source : Lac Ontario.
  • Embouchure : Golfe du Saint-Laurent, Océan Atlantique.
  • Débit moyen : 7 543 m3/s (Cornwall) ; 12 309 m3/s (Québec)
  • Longueur  : 1 197 km.
  • Bassin versant : 1 600 000 km².
  • États traversés : États-Unis, Canada.
  • Affluents : 244, dont les principaux : Outaouais, Saguenay, Manicouagan, Saint-Maurice, Rivière aux Outardes.

Un peu d’histoire

Les populations amérindiennes de la région  me surnommaient Hochelaga – « chemin qui marche » -. On m’a aussi appelé la Grande rivière de Canada. Mais le nom qui a fini par s’imposer est celui de Saint-Laurent, que je dois à l’explorateur Jacques Cartier qui fit ma découverte en 1535, et pris possession de mon cours au nom du roi de France,    François 1er. Savait-il alors mon importance et surtout, pouvait-il imaginer les capacités que je pouvais offrir, une fois aménagé ?

Très vite, j’ai en effet servi de voie de navigation interne principale pour la découverte du continent nord-américain. Les colons ont fondé les villes de Québec et Montréal sur mes rives et fait leurs richesses à partir du commerce de fourrure et de l’agriculture. Au fil des décennies, mon usage en tant que route fluviale s’est renforcé. Une vocation qui doit aujourd’hui tenir compte du développement d’usages nouveaux, parfois conflictuels.

Dès le début du XXème siècle, j’ai fait l’objet d’une coopération internationale pour mieux protéger mes eaux et celles des Grands Lacs, et résoudre les différends transfrontaliers, notamment les transferts d’eau massifs hors de mon bassin vers les zones du sud-ouest américain, pour l’irrigation agricole. Dès 1909, une Commission Mixte Internationale est instaurée pour une gouvernance partagée entre États-Unis et Canada. En 2009, une loi réaffirmera le caractère collectif des ressources en eau et vise à renforcer leur protection sur l’ensemble du bassin.

 

 

Un fleuve au long cours :

Le fleuve Saint-Laurent peut être schématiquement coupé en 4 tronçons, en fonction de l’écoulement :

-Le tronçon fluvial de Kingston au lac saint-Pierre : à la sortie du lac Ontario, le fleuve fait frontière sur 183 km entre les États-Unis et le Canada. C’est à Kingston qu’il pénètre au Canada. Son cours s’évase alors pour former une série de lacs, artificiel comme celui du Saint-Laurent (créé par le barrage de Cornwall) ou naturels comme les lacs de Saint-François et Saint-Louis.

-Du lac Saint-Pierre à la pointe est de l’île d’Orléans, l’estuaire fluvial – ou d’eau douce- est influencé par les marées jusqu’à Trois-Rivières. Les eaux douces proviennent des Grands Lacs

-De l’île d’Orléans à l’embouchure du Saguenay et pointe ouest île verte, l’estuaire moyen – ou estuaire d’eau saumâtre- est le lieu de rencontre des eaux douces et salées.

-De Tadoussac à la Pointe-des-monts, l’estuaire maritime, point de départ du chenal Laurentien, est un canal naturel profond composé d’eaux salées, denses et chargées de nutriments et aboutit au Golfe.

Transport, énergie, tourisme,… mon rôle est essentiel

Histoire de navigation fluviale

Jusqu’en 1825, la navigation sur mes eaux était contrainte par des données naturelles, bloquée notamment à Montréal par les rapides de Lachine. Dès 1825, le canal de Lachine, premier ouvrage destiné à la navigation, voit le jour, levant un premier obstacle à la navigation commerciale, en amont de Montréal. Son essor se poursuivit, particulièrement après le dragage du fleuve entre Québec et Montréal à partir de 1851.

Aujourd’hui, la Voie maritime (achevée en 1959) a remplacé le canal de Lachine, reliant Montréal à Kingston et atteignant ainsi le lac Ontario. Longue de 306 km, elle comprend 7 écluses, dont 5 canadiennes et 2 américaines. Chaque année, pas moins de 200 millions de tonnes transitent sur cette Voie, chargées et déchargées dans une quarantaine de ports. Soit 4 000 mouvements de navires de la mi-mars jusqu’à la 4ème semaine de décembre, période de clôture de la saison de la Voie maritime, avant le gel hivernal ! De gros bateaux peuvent emprunter cette large voie.


Chiffre clé : 

1 gros bateau (jusqu’à 220 mètres de long, 24 mètres de large et 8 mètres de tirant d’eau) suffit à remplacer 850 camions. Soit une pollution moindre au bénéfice de l’environnement.


La montée vers le lac Supérieur, depuis Montréal, passe par les lacs Ontario, Erié et Huron, puis le lac Supérieur. Pour assurer la continuité de cette « route « il aura fallu construire 17 écluses et diverses dérivations dont le célèbre canal de Welland, d’une longueur de 44 km, qui permet de contourner les chutes du Niagara – où les eaux du lac Erié tombent dans le lac Ontario. Achevé en 1932 puis approfondi dans les années 1950 dans le cadre du projet de la Voie maritime, ce canal a été redressé en 1973.

De l’Océan Atlantique Nord (port d’Halifax) jusqu’au lac supérieur, s’étend une route maritime de 3700 kilomètres, baptisée autoroute H2O. Les Grands Lacs et moi-même en faisons partie, tout comme les quelques 40 ports partenaires. Consacrée au développement commercial régional et à celui de services innovants, cette autoroute maritime agit en tant qu’alliance d’acteurs du secteur des transports.

Le Port de Montréal

  • Surface : 26 km de long (Pont Victoria – Pointe-aux-Trembles)
  • Seul port  à conteneurs sur le fleuve Saint-Laurent, avec 3 terminaux internationaux existants et un projet de nouveau terminal à Contrecoeur,  à 40 km en aval, sur la rive sud du fleuve
  • Profondeur : 11 m
  • Trafic : 38 millions de tonnes de marchandises (2017) dont près de 14 millions de tonnes conteneurisées ; 1,5 million de conteneurs EVP  avec de grandes zones d’échanges commerciaux : Europe (36% des trafics internationaux du Port), l’Asie (24 %) et la Méditerranée (21 %) ; plus de 2000 navires par année ;
  • Croisière : 114 518 passagers et membres d’équipage accueillis en 2017
  • Gouvernance : Administration portuaire de Montréal (APM)

Trafic d’ici et d’ailleurs

Trois quarts des marchandises qui circulent sur mon cours proviennent du transport international :

  1. Importations : les produits qui entrent au Québec grâce à moi sont principalement originaires d’Europe, d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, l’Afrique et des États-Unis. Le pétrole brut représente l’une des importations principales, provenant généralement d’Europe du Nord et d’Afrique du Nord. Plus de 9 millions de tonnes sont ainsi déchargées annuellement dans le port de Québec.
  2. Exportations : l’Europe est mon meilleur client ! Suivie de près par les États-Unis et l’Asie-Océanie.

Plus de 100 millions de tonnes/an : c’est le trafic entre la tête des Lacs et les ports de l’Estuaire (Baie Corneau, Port-Cartier, Sept-îles) dont 38 Mt dans la Voie maritime et 40 Mt dans le canal Welland. 

Plus de 200 millions de tonnes de trafic sont recensées si l’on ajoute l’ensemble du réseau Grands Lacs-voie maritime.

L’eau, source d’énergie

Abondante au Québec, l’eau est rapidement devenue la principale source d’énergie électrique. Dans les années 1920 et 1930, de grandes centrales ont vu le jour sur mes affluents (Saguenay, Outaouais etc.). Beauharnois est la centrale qui a pris ses quartiers sur mon cours. Initiatives privées, ces centrales ont été en partie nationalisées suite à la création, en 1944, d’Hydro-Québec, société d’État responsable de la production, du transport et de la distribution de l’électricité au Québec. Toutefois, la montée en puissance des grands projets hydroélectriques d’Hydro-Québec, à partir des années 1950, concernant davantage les fleuves nord du Québec, mon utilisation étant avant tout dominée par la navigation…

 

Opération séduction

Afin de promouvoir l’offre touristique, et ainsi attirer les voyageurs, les régions de l’estuaire maritime et du golfe se sont regroupées au sein d’un collectif d’associations : le Québec maritime. Le Bas-Saint-Laurent, avec sa route des Navigateurs mettant en valeur le patrimoine maritime régional, mise aussi sur moi.

Les villes comme Québec et Montréal cherchent de leur côté à privilégier mon contact en proposant un panel d’activités qui s’y prêtent -vieux ports, bateaux de croisières-excursions,…-. Les parcs marins ont également à cœur de me valoriser et de mettre en lumière mes populations marines telles que le béluga, le rorqual commun et le rorqual bleu.

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% des réserves mondiales d’eau douce

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millions de visiteurs par an sur mon cours

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millions de tonnes de marchandises transportées sur le réseau Grands-Lacs / voie maritime

 

Quel fleuve pour demain ?

Malgré de nombreux efforts et de très nettes améliorations dans les 20 dernières années, la pollution industrielle et agricole ainsi que les déversements d’eaux usées non traitées ont des conséquences préoccupantes sur ma santé. Les changements climatiques constituent une autre  menace. La hausse des températures provoque une évaporation croissante de l’eau des Grands Lacs. Cette baisse de niveau d’eau diminue d’autant les niveaux d’eaux dans ma partie fluviale, provoquant de nombreuses répercussions sur les écosystèmes mais également sur le transport maritime.

Des eaux contaminées

À mon grand désarroi, j’ai reçu pendant longtemps des eaux usées créant une forte pollution. Au cours des 30 dernières années, diverses interventions d’assainissement ont tout de même permis une amélioration notable de la qualité de mon eau. La plus importante, le Programme d’assainissement des eaux usées du Québec, a entraîné depuis 1978, des investissements de plus de 7 milliards de dollars. Par chance, la loi est également de mon côté. Des réglementations et des contrôles plus stricts ont ainsi obligé les industries polluantes à traiter leurs effluents, c’est-à-dire leurs rejets liquides véhiculant une certaine charge polluante. Quant aux municipalités, la majorité d’entre elles est désormais tenue de traiter ses eaux usées. Des actions qui témoignent d’une prise de conscience globale sur ce qui me nuit au quotidien, m’assurant ainsi un avenir plus serein, entre une biodiversité préservée et des eaux de meilleure qualité, tout en garantissant mon rôle économique majeur. Par ailleurs avec une qualité d’eau améliorée, plusieurs projets plages municipales publiques voient le jour sur mes rives.

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Voyage sur le fleuve

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