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Introduction au fleuve Rhône

Entre vous et moi…

Je prends ma source en Suisse dans le massif du Saint-Gothard, à 2 300 m d’altitude et je me jette en Méditerranée. Je parcours au total 810 kilomètres, dont 72 km à travers le lac Léman, le plus grand lac d’Europe occidentale. Un chemin marqué d’irrégularités : des coudes aux gorges rocheuses, des plaines inondables aux fortes pentes. Célèbre pour mon impétuosité, je suis souvent sorti de mon lit, causant d’importants dégâts. Les hommes ont très vite voulu me dompter, me canaliser pour limiter mes crues mais aussi exploiter au mieux ce que je peux offrir : voie navigable, source d’énergie, eau pour la ville ou pour les champs. Aujourd’hui, on veille davantage sur moi pour préserver ma biodiversité, mes paysages et valoriser mes usages pour que je continue à servir et développer durablement les territoires que je traverse. Moi, l’impétueux, puissant Rhône ou Rotten que se partagent la France et la Suisse !

 

Un peu d’histoire

 

Je suis né, il y a 55 millions d’années, de la création du sillon rhodanien : une immense entaille provoquée par l’écartement de la croûte terrestre. Après des épisodes marins, fluviaux et lagunaires, c’est l’assèchement de la mer Méditerranée, il y a 6 millions d’années, qui m’a permis de creuser mon lit. La cohabitation avec les hommes est paisible jusqu’à la fin du Moyen-Âge. Je suis même l’un des axes les plus fréquentés de l’empire romain après le Nil à l’époque gallo-romaine entre Arles et Lugdunum, la capitale des Gaules avec la Saône. Au Moyen-Âge, je transporte du sel, des métaux, du bois et des céréales.

Avec le Petit Âge Glaciaire, à partir du début du XIVe et ce jusqu’à la fin du XIXe siècle, je deviens tumultueux : fortes précipitations, avancée des glaciers, apport de mes affluents : mes crues et mes inondations sont ravageuses.

Au milieu du XIXe siècle, les hommes s’unissent pour m’aménager, dompter mes écarts pour protéger les terres agricoles et les villes et rendre plus sûre la navigation. Côté Suisse, on appelle cela me « corriger ». À partir de 1884, côté français, les ingénieurs en chef du Rhône, Jacquet et Girardon, perfectionnent les dispositifs de régularisation au moyen de traverses, digues, tenons, épis, etc. À ces ouvrages s’ajoutent, à partir des années 1950, les aménagements (barrage, centrale, écluse et digues) de CNR, la Compagnie Nationale du Rhône. Côté Suisse, c’est un projet de ligne de chemin de fer reliant le Valais à l’Italie qui amorce les travaux d’endiguement de mes eaux, dans les années 1860.

De part et d’autre de la frontière, un nouveau chapitre s’est ouvert depuis une vingtaine d’années, avec une attention particulière accordée à l’étude de mes eaux et la restauration des milieux naturels.

 

Fiche technique

  • Source : Glacier de la Furka, dans le Massif alpin du Saint-Gothard
  • Embouchure : delta de la Camargue – mer Méditerranée
  • Débit moyen : 251 m3/s à la sortie du lac Léman à Genève ; 1 800 m3/s sur le linéaire français
  • Longueur cumulée : 812 km (290 km en Suisse et 522 km en France)
  • Bassin-versant : 97 800 km2 (dont 7 800 km² en Suisse)
  • Pays traversés : Suisse, France
  • Principaux affluents : Vispa, Grande Eau, La Veveyse, La Venoge, Versoix, Arve en Suisse ; Ain, Saône, Isère, Ardèche, Drôme, Durance, Gard en France

Un bassin fluvial transfrontalier

Je fais fi des frontières géographiques et mets depuis toujours à disposition des deux pays que je traverse mes nombreux usages : production d’hydroélectricité, irrigation des terres agricoles, alimentation en eau potable, navigation, refroidissement des centrales nucléaires, services écosystémiques, loisirs…

Néanmoins, une coordination s’est vite avérée nécessaire de part et d’autre de la frontière. Déjà entre les deux principaux opérateurs hydroélectriques :

  • Les Services Industriels de Genève (SIG) qui gèrent les débits du fleuve en fonction de la régulation du niveau du lac Léman et des besoins de la production hydroélectrique dans le canton genevois,
  • La Compagnie Nationale du Rhône, concessionnaire de l’ensemble du fleuve de la frontière suisse à la Méditerranée au travers de trois missions : navigation, irrigation et production d’hydroélectricité.

Cette coopération porte en premier lieu sur la gestion des sédiments apportés en grande quantité par l’un de mes affluents, l’Arve : des opérations d’évacuation de ces sédiments (limons, sables…) ont lieu tous les 3 à 4 ans, depuis le barrage suisse de Verbois pour éviter qu’ils s’accumulent dans mon lit et augmentent le risque d’inondation. Une gestion coordonnée est nécessaire pour que l’opérateur français accompagne ces opérations sur ses ouvrages et que la sécurité de tous les riverains soit assurée et les impacts sur l’environnement limités.

Les effets du changement climatique et l’intensification des usages de l’eau demanderont dans un futur proche une gouvernance transfrontalière renforcée, pour une gestion durable et coordonnée à la fois des usages et de la préservation de mon écosystème. Sans vision commune et globale de mes enjeux, des tensions pourraient se faire jour !

 

Envisager mon avenir

Mon avenir est d’abord celui de ma source : mon glacier perd aujourd’hui entre 5 et 7 mètres d’épaisseur chaque année, sous les effets du dérèglement climatique. Les experts tablent sur une diminution de moitié d’ici à 2030 et une disparition d’ici à 2100.

Le Glacier du Rhône – © Camille Moirenc

Cette fonte des glaces et l’augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes m’affaibliront sans nul doute : en hiver, la neige ne perdurera qu’en haute montagne et une plus grande évaporation des eaux diminuera mon débit annuel. D’ici 2050, j’aurai structurellement moins d’eau, de -10 % à -40 %. Déjà, en 2017, année de sécheresse sévère, mon débit moyen a été inférieur de 30 % à celui des vingt dernières années.

Mes ressources en eau seront alors l’objet de plus vives tensions, surtout si les prélèvements pour l’agriculture et les activités industrielles continuent de croître.

Mon avenir est aussi celui de la faune et de la flore que j’abrite, que mes gestionnaires et décideurs politiques veulent préserver et valoriser, notamment pour le tourisme et l’amélioration du cadre de vie des riverains. La lutte contre les micropolluants de toutes sortes, issues des activités agricoles, industrielles ou domestiques – dont le plastique – reste essentielle.

Pour mieux comprendre, une descente s’impose !

A la découverte du Rhône 

 

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