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Les barrages, réservoirs de paludisme en Afrique

Une étude parue dans le journal scientifique américain Nature et relayée par le média Franceinfo alerte sur le rôle central des réservoirs créés par les petits comme les grands barrages dans la reproduction du moustique et la transmission du paludisme.

 

Les barrages au cœur du développement en Afrique Subsaharienne

 

La construction de barrages est au cœur de la stratégie de développement des Etats en Afrique Subsaharienne, pour assurer sécurité alimentaire et approvisionnement énergétique à leurs populations. 160 barrages sont actuellement en construction et d’autres sont prévus pour répondre aux enjeux de développement toujours plus pressants du continent. Ces barrages font l’objet de nombreux financements de bailleurs internationaux tels que la Banque Mondiale.

 

Entre développement et santé publique, le dilemme

 

Akosombo Dam © CGIAR

L’étude, réalisée sur la Volta, le Limpopo, le Zambèze et l’Omo-Turkana, montre que ces barrages sont aussi les meilleurs alliés du paludisme, provoquant jusqu’à 1,7 million de cas annuels. Les scientifiques montrent que l’impact général des barrages dans la transmission du paludisme a été sous-estimé, et soulignent le rôle particulier des petits barrages dans cette transmission, qui représentent selon eux un risque plus élevé de paludisme dans les quatre bassins étudiés. Selon leurs estimations, l’incidence du paludisme est deux à sept fois plus élevé par kilomètre de berge du réservoir pour les petits barrages que pour les grands barrages dans le même bassin.

Différents éléments expliquent cette différence : la plupart des petits barrages sont construits pour l’irrigation à petite échelle et pour fournir de l’eau pour le bétail. Ils sont donc situés au plus proche des habitations. En conséquence, la densité de population autour des petits barrages est plus importante. 14,7 millions de personnes vivent près d’un barrage dans les quatre bassins étudiés, c’est-à-dire dans un périmètre de moins de 5 km autour du réservoir. De ces 14,7 millions de personnes, la majorité (12,3 millions) vivent près d’un réservoir de petit barrage.

Ensuite, les petits barrages sont plus rarement dédiés à la production d’électricité. Ils sont donc moins hauts, ce qui résulte en un drainage insuffisant et favorise la persistance de l’eau de surface et crée dans les lacs de retenue des habitats de reproduction idéals pour les moustiques.

 

Les actions à mettre en place

 

Les auteurs suggèrent que les efforts de contrôle du paludisme soient renforcés à proximité des retenues d’eau des petits comme des grands barrages. Ils conseillent également de concevoir les opérations des barrages comme une forme de contrôle environnemental de la maladie, en évitant une stagnation trop intense qui favorise son développement.

 

 

Pour en savoir plus sur le moustique et les maladies que cet insecte transporte un peu partout sur la planète, IAGF vous recommande la lecture du livre qu’Erik Orsenna, Président d’IAGF, leur a dédié : Géopolitique du Moustique, Petit Précis de Mondialisation IV, Fayard, 2017.

« Les moustiques viennent de la nuit des temps (250 millions d’années), mais ils ne s’attardent pas (durée de vie moyenne : 30 jours). Nombreux (3 564 espèces), volontiers dangereux (plus de 700 000 morts humaines chaque année), ils sont répandus sur les cinq continents (Groenland inclus). Quand ils vrombissent à nos oreilles, c’est une histoire qu’ils nous racontent : leur point de vue sur la mondialisation. Une histoire de frontières abolies, de mutations permanentes, de luttes pour survivre, de santé planétaire, mais aussi celle des pouvoirs humains (vertigineux) qu’offrent les manipulations génétiques. Allons-nous devenir des apprentis sorciers ? Toutefois, ne nous y trompons pas, c’est d’abord l’histoire d’un couple à trois : le moustique, le parasite et sa proie (nous, les vertébrés). En route pour un nouveau voyage afin de tenter de mieux comprendre notre terre. Guyane, Cambodge, Pékin, Sénégal, Brésil, sans oublier la mythique forêt Zika (Ouganda) : des surprises et des fièvres ! »

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