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Découverte scientifique : un bassin amazonien très dynamique lors des cycles du Quaternaire

L’ Amazone est un géant. Occupant 40 % de la surface de l’Amérique du Sud, son bassin est le plus grand au monde, composé d’un maillage hydrographique de plus de 1 000 cours d’eau qui viennent servir le fleuve et gonfler son débit, le plus puissant de tous les fleuves. L’humidité qu’il dégage favorise l’expansion d’une forêt tropicale riche en biodiversité et sa puissance a façonné les paysages.


Vue du rio Solimões, partie de l’Amazone située entre le Brésil et la ville de Manaus – Source : Catedral Verde – Floresta Amazonica – Auteur : Lubasi

Malgré ses caractéristiques exceptionnelles, ce fleuve s’avère très réactif en comparaison à d’autres systèmes fluviaux. Une récente étude conclut qu’il a été très dynamique pendant les cycles glaciaires du Quaternaire, qui ont entraîné des fluctuations fortes des débits et des flux de sédiments, provenant de l’érosion des reliefs de la Cordillère des Andes. L’évolution de cette dernière a impacté fortement celle du bassin amazonien.

On sait par exemple que le bassin amazonien a été occupé plusieurs fois au cours de son histoire par des mers intérieures peu profondes créées lorsque l’activité tectonique et les apports sédimentaires des Andes étaient faibles. Progressivement, ces environnements marins ont disparu, le bassin se comblant de sédiments et le paysage devenant continental.

Une transformation du bassin amazonien en quelques dizaines de milliers d’années


 

Les cycles glaciaires (soit des périodes de 100 000 ans) ont dominé le climat récent de la Terre mais les scientifiques ne comprennent pas encore bien si les fleuves sont sensibles à ces changements de cycles. En effet, pour de nombreux grands cours d’eau, les processus d’érosion et de creusement du lit dépasseraient ces cycles et ne réagiraient donc pas à ces changements rapides du climat.

L’Amazone apporterait des clés de réponse. Les jeunes et vastes terrasses alluviales[1] démontrent que des changements géologiques rapides ont eu lieu, potentiellement en relation avec les changements du ruissellement des cycles climatiques du Quaternaire.

Pour vérifier cette hypothèse de causalité, des scientifiques du Massachusetts Institute of Technology ont utilisé une combinaison d’analyses théoriques, de mesures empiriques et d’analyses topographiques afin d’estimer la rapidité avec laquelle un profil de rivière réagit aux changements de débit ou d’apport de sédiments. Ils ont ensuite comparé ces modèles aux terrasses fluviales observées et à l’âge d’enfouissement des sédiments. Les résultats obtenus sont surprenants : le bassin amazonien aurait pu évoluer de l’érosion à la construction en seulement quelques dizaines de milliers d’années, une durée nettement plus courte que la période de 100 000 ans des cycles glaciaires et très rapide pour un fleuve d’une telle envergure.

Quelle réaction au changement climatique demain ?


 

Source : Revue Nature

Cette nouvelle découverte confirme que l’évolution de la dynamique fluviale de l’Amazone a été marquée par les changements climatiques glaciaires et la tectonique des plaques. Elle révèle qu’elle s’est effectuée à un rythme relativement rapide. Cette « forte sensibilité » s’explique selon les auteurs de l’étude par la charge sédimentaire importante des cours d’eau du bassin, l’étroitesse des plaines d’inondation et les faibles pentes.

Cette découverte sur le passé questionne l’avenir de l’Amazone : quels impacts le dérèglement climatique, généré cette fois par les activités anthropiques, aura-t-il sur les écosystèmes fluviaux ? A l’heure actuelle, le Brésil, qui possède la plus grande quantité d’eau douce au monde, est déjà confronté à des crises de l’eau récurrentes (voir notre article sur le Parana en juillet 2021).

 

 

En savoir plus

[1] Sorte d’anciennes berges formées lorsque le cours d’eau creuse vers le bas sous les effets successifs d’un dépôt massif de sédiments puis d’une période d’érosion.

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