Erik Orsenna à la rencontre du Rhône

En 2017, Erik Orsenna, Président d’IAGF, réalise plusieurs escales sur le Rhône afin d’aborder différentes thématiques déterminantes pour l’avenir des fleuves. Après être intervenu sur les Fleuves et la santé (Camargue, 1er février), une seconde conférence a eu lieu le 4 mai à Belley à l’initiative de la CNR et de l’Association Locale de l’Energie et du Climat de l’Ain(ALEC 01), afin d’échanger autour de la question des fleuves dans la transition énergétique.

Depuis sa création, Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves va à la rencontre des personnes qui vivent le fleuve. Qu’il s’agisse des riverains qui l’habitent, des sociétés qui en tirent de l’énergie, des collectivités qui l’aménagent, ou des populations qui bénéficient de son environnement, tous ces acteurs sont au cœur de la double mission d’IAGF :

• promouvoir le dialogue local autour du fleuve
• apporter une vision internationale des défis qui se posent partout dans le monde pour protéger ces écosystèmes.

La conférence organisée le 4 mai par la CNR et l’ALEC 01, avec le soutien de la Ville de Belley, a réuni plus de 130 représentants de ce territoire du Haut-Rhône connu pour la beauté de ses paysages fluviaux. Laurent Tonini, directeur territorial de CNR, a introduit la conférence en rappelant les missions et activités d’aménageur des territoires de CNR, ainsi que ses engagements en faveur du climat pris à l’occasion de la COP21. Marie Alexandre, directrice de l’ALEC 01, a également mis en avant le rôle de son association dans la promotion des énergies renouvelables, les économies d’eau et d’énergie et l’encouragement des initiatives locales en faveur des transports et d’une consommation responsable.

Erik Orsenna a ensuite pris le relais pour transmettre ses connaissances et convictions forgées à travers son expérience et au fil de ses nombreux voyages dans le monde. Invitation au dialogue plus que conférence, car le parcours de l’écrivain voyageur a fait naître davantage de questionnements que de réponses. Comment gérer à la fois le réchauffement climatique et les tensions liées à la croissance démographique et l’explosion des besoins alimentaires et énergétiques ? Comment arrêter l’effondrement des deltas alors que les sociétés pétrolières poursuivent les explorations sous-terraines sans égard pour leurs conséquences humaines et environnementales ? Comment promouvoir une gouvernance transfrontalière des fleuves dans des régions où l’affirmation de l’Etat Nation passe d’abord par l’accaparement des ressources naturelles ?

Il est vrai que le fleuve est un lieu de paradoxes. La gestion de l’eau tend à devenir plus collective quand la gestion de l’énergie s’individualise pour répondre aux volontés d’autonomisation des territoires. Le fleuve est un lieu de vie, mais il est également un lieu de mort.  E. Orsenna a ainsi rappelé que « nous buvons 85 % de nos maladies », déclaration du scientifique Louis Pasteur encore d’actualité dans de nombreuses régions du monde où la pauvreté – et parfois les traditions culturelles- alimentent pollution, maladies et destruction de la biodiversité.

Le public, composé en grande partie d’élus et d’acteurs associatifs, a participé avec enthousiasme à cet échange qui faisait écho tant aux problématiques locales qu’à l’actualité politique. Il a ainsi été question de l’histoire de l’aménagement du Rhône, d’innovations technologiques ou encore de démocratie. Preuve que le fleuve est un sujet éminemment politique qu’il faut d’urgence mettre au premier plan des préoccupations des gouvernements et des citoyens.

La prochaine conférence-débat d’Erik Orsenna aura lieu le 2 juin sur le thème « Deltas et humanité », organisée par le Parc Naturel Régional de Camargue en partenariat avec CNR.