FR EN ES Recherche
  1. Accueil
  2. Actualités passées
  3. Mieux utiliser les eaux souterraines en Afrique le défi pour éviter le manque d’eau

Actualité

Toutes les actualités

Mieux utiliser les eaux souterraines en Afrique : le défi pour éviter le manque d’eau

Water Aid / Dennis Lupenga

A l’encontre de nombreux discours qui pointent un manque d’eau en Afrique, un rapport établi par l’ONG britannique WaterAid estime que la région a suffisamment d’eau pour subvenir aux différents besoins, à condition que les ressources soient mieux gérées.

 

 

 

L’affirmation est forte : les ressources en eaux souterraines de l’Afrique subsaharienne sont suffisantes pour transformer l’agriculture de la région et fournir aux populations de l’eau potable en quantité suffisante pour leurs besoins, si la ressource est mieux gérée. Ce serait 130 litres par jour d’eau potable par habitant qui pourraient être fournis à partir des eaux souterraines, palliant ainsi un déficit pluviométrique.

Ce constat émane de l’ONG britannique WaterAid, qui a collaboré avec le British Geological Survey dans le cadre d’une nouvelle publication « Groundwater : the world’s neglected defence against climate change », parue à l’occasion de la Journée Mondiale de l’eau. Selon eux, la plupart des pays africains pourraient survivre à au moins cinq ans de sécheresse, et certains plus de 50 ans, grâce à leurs réserves d’eaux souterraines.

Nos résultats démystifient le mythe selon lequel l’Afrique manque d’eau. Mais la tragédie est que des millions de personnes sur le continent n’ont toujours pas assez d’eau potable à boire. Il y a de vastes réserves d’eau juste sous les pieds des gens, dont beaucoup sont réapprovisionnées chaque année par les précipitations et autres eaux de surface, mais ils ne peuvent pas y accéder parce que les services sont chroniquement sous-financés. » pour Tim Wainwright, directeur général de WaterAid UK.

Le potentiel intact des eaux souterraines

Les eaux souterraines, que l’on trouve sous terre dans les aquifères, les roches et les sols, représentent environ 99 % de toute l’eau douce liquide sur terre. Elles correspondent actuellement à un quart de toute l’eau douce utilisée par les êtres humains, pour l’irrigation ou les usages domestiques.

Le défi est bien là : alors qu’au niveau mondial, la demande en eau va augmenter de 1 % par an dans les 30 prochaines années, le potentiel des eaux souterraines doit être mieux exploité et les aquifères bien protégés, de manière durable.

Le dernier rapport des Nations-Unies sur l’eau était d’ailleurs consacré à ces eaux souterraines et à la nécessité de « rendre visible l’invisible ». Ces eaux sont abondantes dans une grande partie de l’Afrique mais pas forcément exploitées : selon le rapport, 3 % des terres agricoles d’Afrique subsaharienne sont équipées pour l’irrigation, et seulement 5 % de cette superficie utilise des eaux souterraines.

En cause, le manque d’investissements qui les a laissées inexploitées ou mal gérées. Richard Connor, auteur principal et rédacteur en chef du rapport des Nations Unies pour l’Unesco, pointe aussi du doigt le manque de professionnels formés et d’organisations capables de développer des connaissances sur la ressource.

Et la nécessité de bien les gérer

Si les eaux souterraines représentent une vraie richesse pour des pays africains afin de permettre l’irrigation ou la fourniture d’une eau propre et sûre, elles risquent néanmoins de s’épuiser rapidement ou d’être polluées si elles sont utilisées de manière non durable.

Ailleurs, dans plusieurs régions du monde, la surexploitation des eaux souterraines a déjà conduit à des situations critiques. Au Moyen-Orient, le pompage dans les aquifères constitués depuis des millénaires et restés intacts jusqu’alors, à des fins de construction de villes dans le désert met en péril la ressource en eau. En Inde, le gouvernement incite les agriculteurs à extraire de l’eau depuis plus de 30 ans mais les structures de gouvernance d’accompagnement pour assurer que l’eau soit partagée équitablement et gérée à long terme n’ont pas été développées. Cela a conduit à une surexploitation rampante, avec un épuisement des eaux souterraines au-delà de leur capacité naturelle à se recharger.

Dans d’autres régions, les eaux souterraines sont naturellement contaminées par l’arsenic et le fluor, ce qui peut entraîner des maladies, voire la mort. Et en Asie du Sud comme en Afrique, les eaux souterraines sont vulnérables à la pollution par les engrais et les pesticides issus de l’agriculture intensive, par les produits chimiques toxiques provenant d’une industrie mal réglementée ou par un traitement défaillant des eaux usées.

Il est donc nécessaire d’extraire et d’utiliser les eaux souterraines de manière efficace et durable, pour qu’elles soient disponibles pour des générations. Cela implique des investissements mais aussi une gouvernance qui associe les communautés locales afin qu’elles ne soient pas dépossédées d’une ressource qui constitue un bien commun. Ainsi, l’Oakland Institute a publié une autre étude, « Drying Out African Lands: Expansion of Large-Scale Agriculture Threatens Access to Water in Africa », montrant 15 cas de projets agricoles à grande échelle dans 11 pays africains, où de grandes entreprises ont obtenu des droits d’exploitation des terres et de l’eau, souvent pour des cultures d’exportation.

Découvrez le rapport international de l’UNESCO sur les ressource sen eau en vidéo

Mettez à jour votre navigateur pour consulter ce site