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La biodiversité du Lac Victoria menacée

Grand comme l’Irlande, le Lac Victoria est la 2ème plus grande étendue d’eau douce au monde avec une superficie de 68 000 km. Il s’étend entre le Kenya, la Tanzanie, l’Uganda, le Burundi et le Rwanda. Son bassin est reconnu internationalement pour sa grande diversité d’espèces d’eau douce et endémiques, souvent importantes pour la vie et le développement économique des communautés locales.

Selon un rapport de l’Union internationale de Conservation de la Nature (UICN) paru début mai, cette biodiversité est en déclin et le risque d’extinction d’espèces en augmentation. Le risque est évalué à 76% pour les espèces endémiques, incluant poissons, mollusques, crabes, crevettes, plantes aquatiques… (ce qui représente 150 espèces) et à 19,7% pour l’ensemble de la biodiversité de la région. Au-delà du constat, ce rapport fournit un certain nombre de directives pour soutenir des actions de sauvegarde.

 Nous espérons qu’il amènera à une gestion de l’eau et du territoire dans le Bassin du Lac Victoria plus durable, en informant les décideurs et les responsables des programmes de conservation » a indiqué Will Darwall, Chef de l’Unité Eau douce de l’UICN et co-auteur du rapport.

Des causes multiples de dégradation de l’écosystème du lac

La première problématique est la pollution, tant industrielle qu’agricole. Le lac sert de déversoir pour les industries, les égouts (des millions de litres), les entreprises de nettoyage de poissons mais aussi pour les habitants. Par exemple, 500 véhicules y sont lavés quotidiennement par de jeunes hommes, pour un salaire dérisoire et avec un risque élevé de maladies.

Une autre menace est la surpêche, qui affaiblit la richesse des ressources biologiques. L’introduction d’espèces allochtones a également sérieusement atteint la qualité des milieux. Dans les années 1950, la perche du Nil est introduite dans le lac et s’est avéré un féroce prédateur pour la faune locale, même si elle a une valeur commerciale incomparable. Très vite, elle est devenue le poisson le plus représenté et le plus péché. Plus de 200 espèces de poissons auraient disparu, phénomène directement imputable à l’introduction de la perche du Nil. Et la perche est elle-même devenue une victime, de la surpêche la concernant ! Un autre exemple concerne la jacinthe d’eau, introduite accidentellement dans le Lac Victoria depuis l’Amérique du sud dans les années 1980. Elle s’est fortement développée, allant jusqu’à couvrir près de 10% de la surface du lac et formant des couches épaisses qui réduisent la disponibilité en oxygène et en nutriments.

Enfin, le changement climatique est également une menace actuelle et future. Le lac voit son niveau – dont l’apport en eau dépend à 80 % des précipitations et à 20 % des rivières – diminuer. Il a baissé de 1,5 mètre entre 2002 et 2006. Ce manque d’eau se conjugue avec un appauvrissement dû à la forte quantité de sédiments qui s’écoulent, provenant de l’érosion des terres, de la déforestation et des mauvaises méthodes agricoles. L’eau devient turbide, l’eutrophisation s’accroît, la biodiversité souffre. Et avec elle, les populations. 2 millions de personnes dépendent de la filière de la perche du Nil. Le poisson et les plantes locales sont aussi une source d’alimentation importante pour les populations souvent pauvres.

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