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Chiffre-clé : 831 conflits violents liés à l’eau depuis 2010 dans le monde

Selon le Pacific Institute, les conflits liés à l’eau sont en nette augmentation dans le monde. La base de données « Water Conflict Chronology », créée par le centre de recherche dans les années 1980 et dont la dernière mise à jour a été publiée en mars 2022, propose une catégorisation et un archivage de tous les épisodes violents autour de l’eau depuis la plus ancienne guerre de l’eau connue, dans l’ancienne Mésopotamie, il y a 4 500 ans. Si les ressources en eau n’ont jamais été, ou très rarement, la seule source de conflits ou de guerres, le Pacific Institute soutient que la relation entre eau et sécurité est aujourd’hui largement sous-estimée dans les analyses géopolitiques.

Un guide incontournable pour comprendre les conflits liés à l’eau

La base de données « Water Conflict Chronology » est composée à l’aide d’une méthodologie de recensement explicite et transparente. Les conflits sont définis comme des épisodes de violence (blessés ou morts) ou menaces de violence (menaces verbales, manœuvres militaires, démonstration de force). Le Pacific Institute précise qu’il exclut de la liste les effets négatifs liés à la gestion directe de l’eau, tels que le déplacement de populations à la suite de la construction d’un barrage, ainsi que les impacts des catastrophes « naturelles », comme les sécheresses et les inondations.

Les conflits sont répartis dans trois catégories. Ils peuvent-être liés au contrôle de l’eau, c’est-à-dire à l’accès physique ou économique à l’eau (catégorie « Trigger »). L’eau ou les infrastructures d’eau peuvent aussi être utilisées comme des armes lors de conflits violents (catégorie « Weapon »). Enfin, la chronologie répertorie les événements où la perte en ressources en eau ou en infrastructures liées à l’eau sont la cible, intentionnelle ou accidentelle, d’épisodes violents (catégorie « Casualty »).

Enfin, les conflits sont répertoriés selon la région du monde concernée. Chaque événement violent est ainsi assorti d’une date précise, d’une localisation, et d’une présentation succincte des faits assortie d’une source, académique ou journalistique.

Plus de 1 300 conflits recensés et une forte augmentation depuis les années 2010

831 conflits liés à l’eau ont été enregistrés depuis 2010 avec deux zones de tension forte : l’Asie et l’Afrique.

Le Pacific Institute reporte par exemple pour 2021 plus de 41 blessés et 200 morts lors d’un violent conflit de frontière entre le Tajikistan et le Kyrgystan, conflit qui avait pour objet le contrôle d’un canal et d’une zone de pompage sur la rivière Isfara. La carte fait aussi état des tensions entre la Chine, l’Inde et le Bangladesh au sujet de la gestion des barrages chinois en amont.

La deuxième région concentrant les conflits autour de l’eau est l’Afrique. Le rapport mentionne ainsi les tensions entre l’Egypte et l’Ethiopie autour du méga barrage de la Renaissance, en amont du Nil Bleu. Il est aussi fait état de différents épisodes violents récents au Soudan du Sud, au Kenya, au Burkina Faso, en Angola et en Guinée.

Les derniers conflits violents autour de l’eau enregistrés en 2022 sont :

  • En Ukraine, un lâcher d’eau ordonné par les autorités ukrainiennes sur un barrage au nord de Kiev pour retarder l’avancée des troupes russes sur la ville, suivie de la destruction de ce barrage par la Russie quelques semaines plus tard ;
  • Au Yémen, la destruction d’un réservoir d’eau par des frappes aériennes non-revendiquées ;
  • En Somalie, l’explosion d’un camion-citerne éthiopien par les militants salafistes Al Shabaab, provoquant une dizaine de morts et quinze blessés.

« A moins que des stratégies permettant de passer du conflit à la coopération en matière d’eau ne soient poursuivies et mises en œuvre, la violence liée aux ressources en eau douce semble devoir continuer à augmenter», concluent les auteurs de cette chronologie.

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