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Comment contrôler et prévenir les risques de pandémie ? Revenir aux causes de l’émergence des phénomènes infectieux


Selon le dernier rapport de l’IPBES consacré à la biodiversité et les pandémies, les pandémies vont augmenter en fréquence et en gravité si on ne s’attaque pas à l’érosion de la biodiversité. Ses auteurs appellent à transformer la façon dont nous traitons ces crises sanitaires mondiales, en passant de la réaction à la prévention, et suggèrent à cette fin plusieurs pistes d’action.

 

Aux origines des phénomènes infectieux

22 experts ont été réunis par l’IPBES (la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) pour établir les liens entre pandémies et biodiversité. Leur rapport, en date du 29 octobre 2020, confirme les premiers enseignements que l’on peut tirer de la pandémie de Covid-19 concernant la phénoménologie de l’émergence infectieuse. Les épidémies ont leur origine chez les animaux, avec des hôtes réservoirs et vecteurs, et sont avivées par les activités humaines qui perturbent la nature et augmentent le risque de transmission des agents pathogènes entre l’animal et l’homme.

Ces zoonoses – maladies ou infections transmissibles de l’animal à l’homme – représentent 70 % des maladies infectieuses humaines. Le phénomène n’est pas récent : les premières épidémies sont nées il y a huit mille ans à l’époque néolithique, lorsque des animaux domestiqués se sont mis à partager l’existence des humains. La pandémie de Covid-19 est, d’après le rapport, au moins la sixième pandémie mondiale depuis la pandémie grippale de 1918 (dont le HIV et le SARS). La nouveauté réside plutôt dans l’augmentation de leur fréquence.

Déforestation au profit du développement d’activités agricoles ou minières, expansion démographique qui met en danger les habitats naturels des espèces, capture et commercialisation d’animaux sauvages pour la consommation, évolutions climatiques qui perturbent l’équilibre instable et fragile de la nature : autant de causes qui expliquent ce que l’on vit aujourd’hui. Un chiffre, parmi les nombreux documentés dans ce rapport, est frappant : 30 % des maladies infectieuses émergentes sont attribuées au changement d’usage des sols, à l’expansion des surfaces agricoles et à l’urbanisation.

On estime à 1,7 million le nombre de virus « non découverts » actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 827 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains.

Pandémies, érosion de la biodiversité et dérèglement climatique liés

Le risque de pandémies plus fréquentes, plus rapides dans leur propagation et plus graves dans leurs impacts sanitaires et économiques pourrait augmenter selon les auteurs de ce rapport si on ne s’attaque pas davantage aux causes profondes et si on ne change pas d’approche globale pour lutter contre les maladies infectieuses. On estime à 1,7 million le nombre de virus « non découverts » actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 827 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains.

L’enjeu ? Passer de la réaction à la prévention, en partant du constat que le coût estimé de réduction des risques pour prévenir les pandémies est 100 fois moins élevé que le coût de la réponse à ces pandémies, « fournissant donc de fortes incitations économiques pour un changement transformateur ». Le rapport évoque un coût de la Covid-19 au niveau mondial entre 8 000 et 16 000 milliards de dollars, jusqu’à juillet 2020 seulement !

Pour cela, plusieurs pistes d’action sont proposées :

  • Une plus grande conservation des zones protégées,
  • Une réduction de l’exploitation non durable dans des régions riches en biodiversité,
  • La valorisation de l’engagement et des connaissances des peuples autochtones et des communautés locales dans les programmes de prévention des épidémies,
  • Des options politiques, comme la mise en place d’un nouveau partenariat intergouvernemental « santé et commerce », l’institutionnalisation de l’approche « une seule santé » et la création d’un conseil intergouvernemental de haut-niveau sur la prévention des pandémies, avec un cadre mondial de recherche et suivi.

 

Pour aller plus loin

 

Nous vous recommandons de visionner la conférence digitale organisée mercredi 18 novembre par le CFF (Centre français des Fonds et Fondations) : « Des fragilités environnementales aux fragilités humaines, une approche transversale indispensable », en présence d’Erik Orsenna, Président d’IAGF, du Professeur Patrice Debré, membre de l’Académie nationale de Médecine ; d’Axelle Davezac, directrice générale de la Fondation de France et de Flore Gubert, directrice de recherche à l’IRD.

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