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Les cours d’eau du Caucase sont eux aussi à la peine

Des villageois azerbaïdjanais se sont inquiétés cet été devant la baisse considérable du niveau de la Koura. Ce fleuve long de 1 515 kilomètres, prenant sa source dans le nord-est de la Turquie, traversant ensuite la Géorgie et l’Azerbaïdjan pour finir sa course dans la mer Caspienne, est la principale réserve d’eau du Sud-Caucase. La réduction du débit du fleuve expose les effets néfastes du changement climatique sur les ressources hydriques, renforcés par une gestion de l’eau insuffisante.


Un manque d’eau qui s’installe

 

Pendant la période estivale, la Koura a atteint un niveau historiquement bas dans plusieurs régions ce qui a notamment entraîné une intrusion d’eau saline depuis la mer Caspienne. L’eau est devenue impropre à la consommation pour le bétail et les populations. Les agriculteurs se sont alors retrouvés contraints de se faire livrer de l’eau par camion. Une solution d’urgence longue et coûteuse, que les habitants du village de Banka, contactés par l’AFP, ne veulent pas voir perdurer.

Le problème de l’accès à l’eau n’est pas nouveau en Azerbaïdjan, comme le montre la situation du village de Garakhanli  près de la frontière arménienne. En effet, l’assèchement du canal, il y a plus de 10 ans, anciennement alimenté par la Koura, a contraint le gouvernement à installer des pompes dans ce secteur. Cependant, celles-ci ne fournissent de l’eau que deux heures par jour, obligeant les habitants à faire venir l’eau par camion, là aussi.

En 2008, la Koura et son principal affluent, l’Araxe, fournissaient 70 % de l’eau potable en Azerbaïdjan. Un rapport de l’USAID, publié en 2017, montre que la réduction et la variabilité des précipitations ainsi que l’augmentation des températures, particulièrement pendant l’été, conduisent à une baisse du débit des rivières et des fleuves azerbaïdjanais qui pourrait atteindre 10 à 20 %. À cela s’ajoute la récurrence des inondations, potentiellement responsables de la destruction de petits barrages de rétention d’eau, et la fonte des glaciers, autant d’éléments menaçants l’accès à l’eau dans tout le pays.


La gouvernance de la ressource en question

 

L’impact du changement climatique sur la ressource en eau est réel. Néanmoins les chercheurs interrogés par l’AFP soulignent que la « mauvaise » gestion de l’eau est un autre facteur déterminant dans cette situation de pénurie.

D’une part, l’augmentation du nombre de fermes agricoles et piscicoles le long de la Koura a entraîné une hausse de la consommation. L’irrigation excessive ne permet pas un partage des usages de l’eau équilibré.

D’autre part, le réservoir de Mingäçevir alimentant la plus grande centrale hydroélectrique du pays, pourrait participer au problème.

Enfin, la Koura étant un fleuve transfrontalier, les pratiques des pays voisins ont des répercussions sur la qualité et la quantité de la ressource disponible en Azerbaïdjan, pays le plus en aval.

Le président de la commission des ressources naturelles, de l’énergie et de l’environnement du Parlement, Sadiq Qurbanov, rappelait en juillet, la responsabilité des pays du bassin dans la pollution des eaux. L’OCDE a publié dès 2015 un rapport présentant les avantages d’une coopération entre l’Azerbaïdjan et la Géorgie autour de la Koura. Si des discussions entre les deux pays sont engagées, rien n’a encore été signé.

De plus, les relations avec le voisin arménien sont très tendues et son armée contrôle un réservoir situé à la frontière. Situation dénoncée dans un rapport du Conseil de l’Europe. Il accuse l’Arménie de retenir délibérément de l’eau afin de l’utiliser comme moyen de pression politique contre l’Azerbaïdjan.

Le président Ilham Aliyev en visioconférence avec son gouvernement autour de la question de l’eau.

À l’échelle nationale, les alertes anciennes des scientifiques et des habitants sur le niveau de la Koura et l’accès de plus en plus difficile à l’eau ont été entendues par le gouvernement. En juillet, le président, Ilham Aliyev s’est engagé à une gestion plus raisonnée de la ressource en eau avec l’adoption d’un plan d’action pour 2020-2022. Il contient notamment la création de dix nouveaux réservoirs.

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