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Du méthane en Arctique

Le pôle Nord se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète, et de ce fait, se retrouve aux avant-postes de l’urgence climatique. Mais pourquoi l’Arctique s’est-il davantage réchauffé que les tropiques et les latitudes moyennes ?

 

Des composés halogénés au méthane

L’une des raisons réside dans les composés halogénés tels que les chlorofluorocarbures (CFC) ou les hydrofluorocarbures (HFC) déjà responsables du trou dans la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique dans les années 1980. Ces gaz, selon des chercheurs de l’université de Columbia (Etats-Unis), seraient responsables du tiers du réchauffement climatique entre 1955 et 2005 et de la moitié du réchauffement de l’Arctique et de la fonte des glaces observés durant cette période ! Ces composés halogénés avaient été inventés dans les années 1920-1930 pour être utilisés comme réfrigérants, solvants ou encore propulseurs. En 1987, 197 pays ont accepté de cesser progressivement leur consommation de ces substances qui appauvrissent la couche d’ozone en ratifiant le protocole de Montréal. Le succès de cet accord international historique a permis de réduire les émissions de CFC à près de zéro. Cependant, le rétablissement de la couche d’ozone se fait lentement, car les CFC restent dans l’atmosphère pendant des décennies.

Néanmoins, un élément s’annonce en effet encore plus inquiétant : la libération progressive du méthane naturellement séquestré dans les fonds marins. Ce gaz possède en effet un pouvoir de réchauffement 23 fois supérieur à celui du CO2, et la quantité stockée par les glaces et dans les fonds marins représente le double de charbon et de pétrole que l’être humain a déjà exploité. Il commence à devenir gazeux et à gagner l’atmosphère en quantités non négligeables sous l’effet du dérèglement climatique. Des panaches importants de bulles de méthane ont ainsi été observés dans l’océan Arctique, depuis le fond jusqu’à la surface de l’eau. Le dégel du pergélisol (ou permafrost) est une autre source naturelle potentiellement catastrophique. 1 600 milliards de tonnes de carbone sont stockées dans ces sols gelés, soit deux fois plus que dans l’atmosphère. Avec le réchauffement amplifié dans l’Arctique, ce carbone pourrait rejoindre l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone (CO2) principalement mais aussi de méthane (CH4).

Des émissions anthropiques qui ne faiblissent pas

Si aucune augmentation sensible des émissions de méthane issues du dégel du pergélisol n’a été détectée pour l’instant, les émissions issues de l’extraction d’hydrocarbures progressent. Elles sont, après les nombreuses et grandes tourbières présentes dans ces régions qui rejettent naturellement du méthane, la deuxième grande source de méthane dans l’Arctique.

La région représente un quart des émissions mondiales de méthane liées à l’exploitation du pétrole et du gaz. Or, l’Arctique possède des gisements importants dont l’exploitation, malgré le coût important de la logistique dans ces environnements extrêmes, est soutenue par la demande mondiale. La région contient entre 14 et 25 % des ressources mondiales non encore découvertes en pétrole.

Protéger l’Arctique, et donc notre planète, nécessite de nombreuses mesures qui s’attaquent aux différentes sources de réchauffement atmosphérique. Surtout, la recherche scientifique doit se poursuivre pour mieux comprendre les conséquences à moyen terme du réchauffement de l’Arctique sur le cycle du carbone et le climat de la planète.

En savoir plus : lire la contribution de Jean-Daniel Paris, Ingénieur-chercheur en sciences du climat, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) sur le site The Conversation

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