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Un nouvel outil pour prédire les conflits liés à l’eau

Des chercheurs de 6 organisations réunies en un consortium* ont développé un système d’alerte pour aider à prédire de potentiels conflits liés à l’eau alors que les violences provoquées par le manque d’eau se multiplient dans le monde. Un tiers de la population mondiale vit actuellement dans des pays qui connaissent des niveaux élevés de stress hydrique, avec des sécheresses qui touchent environ 50 millions de personnes et engendrent plus de 5 milliards de dollars de dommages chaque année.

Cet outil, baptisé Water, Peace and Security (WPS), permet de prévoir la naissance et la localisation des conflits liés à l’accès et à l’approvisionnement en eau potable. Financé par le gouvernement néerlandais, il a été présenté au Conseil de Sécurité de l’ONU avant son lancement officiel à Genève en décembre 2019.

Le premier outil de ce genre

Cet outil est novateur en combinant des variables historiques sur l’environnement telles que les précipitations et les mauvaises récoltes avec des facteurs politiques, économiques et sociaux pour prévoir le risque de conflits violents liés à l’eau jusqu’à un an à l’avance. Au total, 80 indicateurs sur une période de 20 ans et, selon ses créateurs, un taux de fiabilité de plus de 85%. Disponible en ligne, il peut être utilisé par tous mais vise surtout à faire prendre conscience aux décideurs politiques et autres parties prenantes du manque d’eau dans certaines régions. Les tensions devraient en effet s’accentuer avec la raréfaction de la ressource en eau qui va devenir une réalité pour beaucoup de personnes. Selon les Nations Unies, 5 milliards d’individus pourraient connaître une pénurie en eau d’ici 2050.

Map of baseline water stress showing that 17 countries face extremely high water stress.                     Source wri.org/aqueduct

 

L’Irak et le Mali, deux pays à risque

Les développeurs de cet outil concentrent actuellement leurs analyses sur les zones à risque en Afrique, au Moyen-Orient et en Asie du Sud. Deux pays sont très vulnérables : l’Irak et le Mali, sous l’effet de la réduction des débits dans les fleuves. Des manifestations ont éclaté l’an dernier en Irak alors que 120 000 personnes étaient hospitalisées après avoir bu de l’eau polluée. Au Mali, les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs s’inquiètent des projets du Gouvernement et des pays voisins de construire des barrages et canaux d’irrigation qui pourraient affecter la disponibilité de l’eau dans le delta du Niger. La Syrie et l’Iran sont aussi sous la menace de pénurie ou de dégradation des services de l’eau.

Les problèmes liés à l’eau ne génèrent pas à eux seuls des conflits ou des guerres selon Susanne Schmeier, universitaire de l’Université de Delft, partenaire du WPS projet. Mais ils peuvent démultiplier le risque quand ils se combinent avec d’autres fléaux comme la pauvreté et les inégalités.

Une fois que les conflits se déclenchent, il est difficile de les résoudre et ils peuvent avoir un impact négatif sur la sécurité en eau, créant des cycles vicieux de conflits. C’est pourquoi il est essentiel d’agir en temps utile. 

Les conflits locaux, entre communautés ou entre régions d’un même pays, exacerbés par des acteurs non-étatiques sont, pour elles, les plus difficiles à maîtriser et peuvent monter en escalade rapidement, à la différence des conflits transfrontaliers.

* IHE Delft, World Resources Institute (WRI), Deltares, The Hague Centre for Strategic Studies (HCSS), Wetlands International and International Alert et en collaboration avec le Ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas.

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