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L’Afrique Australe en proie à la crise climatique : 45 millions de personnes menacées de famine

Les chutes Victoria, alimentées par le fleuve Zambèze, entre la Zambie et le Zimbabwe, étaient cet été à leur plus bas niveau depuis 25 ans. Avec la saison des pluies qui a démarré, on peut espérer que le niveau des eaux remonte. Au-delà des images marquantes de ce site mondialement connu, cette région d’Afrique vient de connaître une période de sécheresse exceptionnelle, nouvelle preuve de sa forte exposition aux effets du changement climatique.

Une sécheresse historique

La sécheresse qui frappe le sud-ouest de la Zambie est la pire enregistrée en quarante ans, avec le plus bas niveau de pluies saisonnières depuis 1981, l’année de référence. La sécheresse a entraîné un manque d’eau potable et impacté la production agricole. Elle a aussi réduit la production hydroélectrique sur le fleuve et ses affluents, qui fournit 80% de l’électricité nationale. En septembre, le Ministre de l’Energie a même avancé l’hypothèse de dériver de l’eau du fleuve Congo, distant de 100 km pour maintenir les niveaux dans la retenue du barrage binational (Zambie, Zimbabwe) de Kariba sur le Zambèze. Le réservoir n’était plus rempli qu’à 15 %. Une hypothèse assez rapidement écartée pour des raisons techniques, le Zambèze étant plus élevé que le Congo, même si les pays s’entendaient pour une telle coopération.

Des conséquences économiques et sanitaires importantes

Dans les zones les plus fortement touchées, il n’y a plus assez d’eau potable et les pertes dans les récoltes fragilisent fortement la sécurité alimentaire du pays. Selon le ministère des Finances, il manquera l’équivalent de 355 000 tonnes de maïs, une culture de base. Et, selon la Croix-Rouge, plus de deux millions de personnes sont en grande insécurité alimentaire en Zambie. Au Zimbabwe également, où près d’un tiers de la population dans les zones rurales pourraient être confrontés à des pénuries alimentaires avant la prochaine récolte en 2020, selon les Nations unies.

La faune est aussi touchée. Au moins 55 éléphants sont déjà morts au Zimbabwe et 100 au Botswana au cours des deux derniers mois à cause du manque de nourriture et d’eau. Les revenus issus du tourisme, très importants pour ces pays, pourraient à terme décliner, si les épisodes de longue sécheresse se multiplient.

Quelle réponse politique ?

Les autorités politiques semblent démunies. Le Président zambien, Edgar Lungu a partagé sur Twitter des photos montrant les chutes Victoria asséchées, comme une prise de conscience des effets du changement climatique sur l’environnement et sur la vie des populations.

Pour lui « il est évident que des pays en développement comme la Zambie sont les plus impactés par le changement climatique et les moins à même de supporter les conséquences ». Il a même reconnu une part de responsabilité lors de son discours au Parlement en septembre : « les gouvernements successifs ont-ils suffisamment préparé la population pour faire face à cette situation ? Avons-nous fait assez pour mettre en place des systèmes d’alerte et de prévision ? Peut-être pas » a-t-il conclu.

L’impact du changement climatique sur les chutes Victoria n’est pas encore complètement mesuré. Les scientifiques rappellent avec raison qu’il y a toujours eu des variations saisonnières dans les niveaux d’eau. Il reste néanmoins certain que l’Afrique australe dans son ensemble est de plus en plus exposée aux effets du changement climatique. Au cours des cinq dernières années, la région a connu une seule année de précipitations normales, selon le Programme alimentaire mondial. La sécheresse persistante, les cyclones et les inondations ont détruit les récoltes et, selon l’agence onusienne, 45 millions de personnes vont se retrouver en situation de grave insécurité alimentaire dans les six mois à venir. « Nous avons affaire à la pire sécheresse en trente-cinq ans dans les régions centrales et ouest » de l’Afrique australe, a souligné Margaret Malu, directrice régionale du PAM pour l’Afrique australe. Les températures en Afrique australe augmentent deux fois plus que la moyenne sur Terre…

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