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Quels nouveaux modèles agricoles pour préserver les sols et les eaux ?

Comment nourrir une population mondiale croissante sans épuiser les ressources de la planète ? Le rapport publié fin 2021 par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dresse un constat alarmant de l’état mondial des sols et des eaux, surexploités et dégradés, et des déséquilibres croissants entre agriculteurs. Elle appelle à de nouveaux systèmes de production agricole durables, rendus nécessaires par le dérèglement climatique qui fragilise encore davantage les ressources.

Dégradation alarmante des écosystèmes face à l’augmentation de la population à nourrir

 

Source : FAO, 2021

« Des systèmes au bord de la rupture » : c’est par ce sous-titre que le rapport fait état d’une dégradation alarmante des ressources en sols, en terres et en eau de la planète. Si le précédent rapport, publié en 2011, attirait déjà l’attention sur le fait qu’un grand nombre des écosystèmes terrestres et aquatiques étaient en danger, celui-ci indique que la pression actuelle a atteint un niveau critique alors même que la demande d’aliments et d’énergie est en hausse. Les sols travaillés de manière conventionnelle sont sources d’émissions de dioxyde de carbone et autres gaz à effet de serre. En 2019, les émissions anthropiques mondiales s’élevaient à 54 milliards de tonnes d’équivalent CO2, dont 31 % issues des systèmes agroalimentaires. Quant au couvert forestier, précieux indicateur de la santé du climat, il est en perte de 4,7 milliards d’hectares/an depuis dix ans.

La FAO estime qu’à l’horizon 2050, il sera nécessaire que l’agriculture augmente de près de 50 % le niveau de 2012 de production d’aliments, de fourrages et d’agrocarburants afin de satisfaire la demande mondiale. Ce sont en effet 9,7 milliards d’habitants qu’il faudra nourrir d’ici là. Cette hausse de la production alimentaire pourrait supposer une augmentation des prélèvements d’eau destinés à l’agriculture pouvant aller jusqu’à 35 %. Une augmentation qui pourrait entraîner des catastrophes écologiques, accentuer les tensions pour répartir les ressources entre usagers et favoriser l’apparition de nouveaux conflits sociaux pour l’utilisation des sols et des eaux. Le temps presse, estime le rapport 2021, et il est urgent de protéger l’avenir à long terme des terres, des sols et de l’eau afin d’assurer la survie des systèmes agricoles et alimentaires.

La production agricole en question

 

Etendre les surfaces agricoles cultivées n’est pas chose facile du fait notamment de l’urbanisation croissante, du changement climatique et de la raréfaction de l’eau. L’irrigation des terres agricoles représente déjà 70 % de l’utilisation de l’eau douce. Le stress hydrique[1] est supérieur à 100 % en Afrique du Nord et à 70 % en Asie centrale et Asie du Sud : il touche 733 millions de personnes. La dégradation des sols et la pollution des eaux de surface et souterraines proviennent par ailleurs en partie de l’agriculture : augmentation de l’utilisation des intrants chimiques, recours à la mécanisation agricole, impacts de la monoculture, pâturage en hausse.

Catégories de dégradation des terres, en fonction de la gravité des pressions anthropiques et des tendances à la détérioration, 2015 – Source : FAO

Ce sont les communautés rurales et, dans une certaine mesure, les populations urbaines pauvres qui sont le plus touchées par les impacts de ces dégradations : leur accès à une nourriture nutritive et aux services environnementaux est limité. Maintenir les niveaux de production tout en limitant la dégradation des terres et l’aggravation de la pollution représente donc un enjeu central pour l’agriculture.

Intégration et inclusivité pour des systèmes agro-alimentaires durables

 

Malgré le niveau actuel des pressions, le rapport 2021 indique que la dégradation des terres est réversible et que nous pouvons parvenir à la sécurité alimentaire et à une production agricole durable, tout en atteignant les ODD (Objectifs de Développement Durable), Un ensemble complet de solutions est à disposition. Elles nécessiteront cependant une volonté politique forte, des politiques bien conçues et une gouvernance inclusive ainsi que des processus participatifs, notamment concernant les ressources foncières. Des initiatives intégrées et multipartites à grande échelle peuvent être prises au niveau des bassins versants ou hydrographiques.

Les progrès de la recherche agronomique ont par ailleurs élargi la palette technique de la gestion des terres et de l’eau. Enfin, des outils de planification sont disponibles. La collecte des données doit et peut être améliorée grâce aux outils numériques et aux technologies de l’information qui permettront de suivre les effets du changement climatique sur les aptitudes agroécologiques.

Seule une utilisation plus durable des ressources en terres, en sols et en eau permettra de rendre les systèmes agroalimentaires plus efficients, plus inclusifs et plus résilients. Il en va de de la sécurité alimentaire et de la santé des habitants mais aussi de la planète.

Pour en savoir plus sur la situation en France, lire le point de vue d’Anne-Claire Vial, présidente  d’ACTA- instituts techniques agricoles et membre IAGF : « Le Varenne de l’eau et du changement climatique : une démarche à fort enjeu alliant souveraineté alimentaire et gestion pérenne des ressources »

Point de vue d’Anne-Claire Vial

 

[1] Le stress hydrique apparait lorsque la demande en eau dépasse les quantités disponibles sur une période donnée. Il peut s’exprimer en quantité d’eau disponible par an et par habitant, soit moins de 1 700 m3 selon l’OMS, ou en pourcentage du rapport entre le besoin en eau et les ressources en eau disponibles.

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