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Des aires protégées plus nombreuses mais pas assez efficaces

Au cours de la dernière décennie, les aires protégées ont progressé, en termes de surface, avec un pourcentage de planète couverte passant de 14,1% à 15,3% pour les terres et de 2,9% à 7,5% dans le domaine marin, permettant une protection accrue des coraux et de nombreuses autres espèces marines. C’est une bonne nouvelle mais des efforts restent à accomplir.

 

Le constat est en demi-teinte : certes des progrès importants ont été enregistrés en termes de croissance des aires protégées mais les objectifs ne sont pas atteints. Les 195 États-membres de l’ONU s’étaient engagés en 2010, à Nagoya (Japon) par la signature de la Convention des Nations-Unies sur la diversité biologique (CDB), à ce que 17% des zones terrestres et 10% des zones marines côtières soient des zones protégées, recensées dans la liste verte de l’IUCN. Le compte n’y est pas, malgré une forte accélération durant la dernière décennie. Et la fixation des objectifs pour 2030 est décalée d’un an, avec le report en 2021 de la prochaine session de la CDB (COP15) en Chine, en raison de la pandémie de Covid-19.

Mieux identifier les zones à protéger

Surtout, la protection ne se révèle pas forcément efficace. Les aires créées ne couvrent pas toujours les sites les plus critiques pour la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques à l’échelle mondiale. C’est l’analyse dressée par les membres de la Commission mondiale sur les aires protégées de l’UICN et publié dans la revue Nature le 7 octobre dernier. Ils relèvent que plus de la moitié de tous les écosystèmes, terrestres ou marins, et un tiers des zones clés de biodiversité sont restés sans protection adéquate en 2019, laissant 78 % des espèces menacées d’extinction connues exclues de toute protection. Selon la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité,  qui a organisé début novembre une journée thématique sur les aires protégées, 1 062 aires protégées existent en Méditerranée, soit 6 % de la superficie de cette mer, mais seulement 0,23 % bénéficie d’une protection efficace. Une simple augmentation de superficie gérée et conservée ne suffit donc pas si elle n’est pas bien ciblée vers les zones les plus riches en espèces animales et végétales.

 

Efficacité de la protection et de la gestion

Enfin, l’efficacité de la protection doit se conjuguer avec celle de la gestion. Si tous les gouvernements s’accordent à reconnaître le rôle essentiel de ces aires protégées et conservées dans la lutte contre la crise de la biodiversité, les moyens mis en œuvre pour réduire significativement les pressions anthropiques restent disparates. Manque de moyens humains ou financiers alloués, faible volonté politique de faire respecter la réglementation figurent parmi les difficultés rencontrées. Une autre réside dans l’absence de définition consensuelle au niveau international d’une aire protégée et de ce que peuvent, ou ne peuvent pas, y faire les humains.

L’IUCN par la voix du Dr Kathy MacKinnon, présidente de la Commission mondiale sur les aires protégées, demande « de nouveaux objectifs de conservation mondiaux ambitieux pour la biodiversité pour l’après 2020 ». Cela signifie davantage d’investissement, de soutien juridique et une reconnaissance partagée de ce qu’est une aire protégée, qu’elle soit gérée par un État, le secteur privé ou les communautés autochtones et locales, et la place qui y est occupée par les populations.

Le rendez-vous de la COP15 sera crucial. Nombre d’organisations environnementales et d’États – la France et le Costa Rica en tête – espèrent y obtenir la généralisation de l’objectif de 30 % de zones terrestres protégées d’ici 2030, dont au moins 10 % en « protection forte ».

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