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Quelle est la capacité de l’Homme à résister à de nouvelles conditions climatiques ?

Chaleur et humidité risquent de s’intensifier avec le dérèglement climatique. Si l’être humain a montré sa capacité à affronter et même à vivre dans des conditions climatiques extrêmes, des zones désertiques aux pôles, risque-t-on d’atteindre une limite à sa capacité d’adaptation ? C’est la question posée par des chercheurs américains dans une étude parue le 8 mai 2020 dans la revue Science Advances à partir d’un indicateur original : la température humide.

Une survenance plus rapide et plus intense

35°C TW, soit 35°C de température humide, serait le seuil physiologique au-dessus duquel le corps humain serait incapable de survivre. Il correspond à un niveau de température combiné à un taux d’humidité qui empêcherait les humains d’évacuer efficacement la chaleur par sudation et entraînerait une « surchauffe » corporelle fatale, même en s’hydratant. Un tel phénomène ne s’est jamais présenté sur Terre, cette variable ne dépassant quasiment jamais les 30°C.

Or, le réchauffement climatique qui augmente les températures pourrait aussi augmenter le taux d’humidité de l’air. Les modèles climatiques prévoyaient des premières occurrences de 35°C TW pour le milieu du XXIème siècle. Le défi risque d’être encore plus complexe à surmonter si ce phénomène de chaleur humide est plus intense qu’envisagé et survient plus rapidement que prévu… C’est l’alerte lancée par ces chercheurs, qui s’appuient sur l’étude des données de près de 8 000 stations météorologiques du monde entier entre 1979 et 2017.

Selon eux, une température humide de 30°C a déjà été atteinte près d’un millier de fois au cours de la période couverte dans des zones très localisées, et celle de 33°C, considérée jusqu’à récemment comme inatteignable, avait quant à elle été relevée à 80 reprises. Certaines zones subtropicales côtières ont même déjà enregistré une température humide de 35°C. Autre indicateur fourni : la fréquence de la chaleur humide extrême (supérieure à 27°C TW) a globalement plus que doublé depuis 1979. Les récents dépassements de 35°C de la température maximale de la surface de la mer à l’échelle mondiale confirment la validité de ces valeurs dangereusement élevées de TW. Les vagues de chaleur humide meurtrière pourraient arriver 30 ans plus tôt que prévu.

 

Un défi sociétal majeur

Mi-juin 2019, la chaleur extrême dans le Bihar, au nord-est de l’Inde, a fait 78 morts en deux jours

Si le Pakistan et les Émirats Arabes Unis ont ponctuellement, durant une ou deux heures, dépassé la valeur critique, le risque toucherait à l’avenir des zones plus larges et plus régulièrement, alors qu’elles comptent parmi les plus peuplées du monde : Asie du Sud, Moyen-Orient et sud-est de l’Amérique du Nord. Ces régions ont en commun d’être situées en zone subtropicale, côtière, et de combiner la proximité d’océans aux eaux de surface extrêmement chaudes avec des vagues de chaleur continentales. Ces conditions réunies favorisent la survenue de températures humides extrêmes, estiment les auteurs de l’étude, qui insistent également sur le fait que le seuil critique pourrait être régulièrement dépassé avec un réchauffement climatique de moins de 2,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, scénario aujourd’hui a minima.

Pour mesurer la gravité de la menace, comparons avec la canicule de 2003 qui a provoqué la mort de plus de 70 000 personnes en Europe. Durant cette période, la température humide n’avait pas dépassé 28°C car il s’agissait d’une vague de chaleur sèche essentiellement.

 Les expériences de chaleur meurtrières déjà rencontrées au cours des dernières décennies sont une indication de la tendance à la hausse continue vers des températures humides extrêmes, et nos résultats soulignent que leurs impacts divers, conséquents et croissants représentent un défi sociétal majeur pour les décennies à venir, selon les auteurs de l’étude.

Ils estiment que les risques économiques et sanitaires liés à ces températures sont aujourd’hui largement sous-estimés.

Cette étude est donc une nouvelle alerte scientifique des conséquences possibles d’un dérèglement climatique profond. Elle n’est pas isolée. Quatre jours avant sa publication, une autre étude, parue dans la revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences annonçait qu’un tiers de l’humanité (soit 3,5 milliards de personnes) pourrait vivre d’ici 50 ans dans des endroits aussi chauds que le Sahara aujourd’hui. La question de l’habitabilité de la planète est posée.

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